Avant la chute du communisme en 1989, la Bulgarie exportait chaque année 5 millions de hectolitres (hl) de vins en URSS. Actuellement, elle ne vend plus que 800.000 hl par an à l'étranger, principalement en Grande-Bretagne, en Allemagne et en Russie. La surperficie de son vignoble a parallèlement diminué de plus de moitié (56%) en quinze ans et elle importe désormais des plants de France et d'Italie pour rajeunir ses vignes, dont près des trois-quarts (72%) sont âgées de plus de 20 ans. La restitution des terres agricoles étatisées au temps du communisme suivie par une privatisation des caves en 1998 explique la chute des exportations, passées en valeur de 140 millions d'euros en 1998 à 64 millions d'euros en 2001. "Depuis cinq ans, les vins bulgares perdent des positions qui sont prises par les vins du Chili et d'Australie offrant un meilleur rapport qualité/prix", explique Dimitar Karabaliev, directeur à Boyard Estates, société bulgaro-américaine qui réalise 35% des exportations bulgares et présente au salon vini-viticole de Plovdiv. "Si au milieu des années 90, les vins bulgares détenaient 5% du marché britannique, ils n'en ont plus actuellement que 3%", ajoute-t-il. "Beaucoup de caves ont été reprises par des gens sans expérience qui ont compromis la renommée des vins bulgares", estime pour sa part Yordanka Arguirova, directrice de l'Agence gouvernementale de la vigne et du vin. "On a produit des vins en quantité au détriment de la qualité", témoigne Aimé Galéra, président de la Maison bulgaro-française de la vigne et du vin qui, basée à Plovdiv, représente une dizaine d'entreprises viticoles françaises en Bulgarie et a des consultants dans 35 caves bulgares. Désireux de créer dans le pays une coopérative viticole, M. Galéra est confronté à la méfiance des viticulteurs bulgares qui n'ont pas oublié les coopératives communistes. "Le mot coopérative a été pendant 50 ans un peu dévoyé", explique-t-il. "Or, il faut des liens étroits entre ceux qui savent cultiver le raisin et ceux qui savent produire le vin". C'est ce "modèle français" qui est en place au Château Ruko à Yambol (sud-est), une exploitation de 20 hectares de vignes jeunes --cabernet, merlot, muscat-- et dotée d'une cave d'une capacité de 3 millions de litres. Son propriétaire, Roumen Dentchev, ancien vice-ministre du Commmerce, est l'un des rares viticulteurs bulgares à avoir obtenu une aide de l'Union européenne (UE), dans laquelle la Bulgarie espère entrer en 2007. "A peine 9% des fonds européens destinés à la réforme agraire ont été utilisés en 2002, la majorité des viticulteurs ignorant comment défendre un projet" devant les instances communautaires, affirme Radi Radev, responsable de la stratégie viti-vinicole du pays élaborée avec l'association allemande de coopération technique GTZ. Cette stratégie prévoit une augmentation des exportations de 10% par an au cours des cinq prochaines années grâce à un fonds de promotion des vins bulgares à l'étranger créé par les producteurs. Les contrôles/qualité seront parallèlement renforcés "pour faire en sorte que l'étiquette sur la bouteille corresponde à son contenu", déclare-t-il. En outre, depuis 2001, le ministère bulgare de l'Agriculture travaille avec un expert français sur l'élaboration d'un cadastre et la mise en place d'un système d'appellation d'origine contrôlée, ainsi qu'à l'adaptation de la réglementation bulgare aux textes européens. |