"Nous ne mettons pas en question l'échéance de la fin mars" pour fixer les modalités des négociations agricoles, a déclaré M. Fischler. Mais "la chose la plus importante est que nous effectuions des progrès" sur le dossier agricole, "afin de mener le cycle (de négociations de Doha) à une conclusion satisfaisante", a-t-il ajouté. Il a plaidé pour une "approche équilibrée" de la part des 145 Etats membres de l'OMC. "Sans accord sur l'agriculture, il n'y aura pas de cycle, cela me paraît évident", a averti M. Fischler.
Il a rencontré à Genève le directeur général de l'OMC Supachai Panitchpakdi et le chef du groupe de négociations sur l'agriculture Stuart Harbinson. "Un accord sur les modalités ne sera atteint que si tous les participants estiment qu'un équilibre des intérêts a été réalisé", a-t-il averti, ajoutant qu'il fallait juger les politiques sur leurs effets de distorsion sur le commerce. Il a détaillé à cet égard les efforts de l'UE visant à limiter les soutiens aux agriculteurs européens qui auraient des effets perturbateurs sur les échanges. "Une chose est indéniable, a-t-il dit: l'orientation de la réforme de la politique agricole de l'UE a été cohérente: s'écarter des formes de soutien faussant le commerce, prendre des mesures ayant des implications directes sur notre capacité à diminuer nos subventions aux exportations".
"Il est aussi indéniable que cette orientation contraste totalement avec la manière dont les soutiens internes aux Etats-Unis ont évolué", a-t-il ajouté. "Contrairement à certaines approches simplistes et plutôt démagogiques, toutes les politiques ne sont pas les mêmes quant à leurs distortions commerciales et toutes les parties ne sont pas allées dans la même direction", a-t-il remarqué.
M. Fischler a demandé que les diverses doléances européennes soient reconnues dans le débat actuel sur les modalités, actuellement rendu très difficile par le rejet d'un premier document Harbinson, critiqué de toutes parts. Parmi les déséquilibres dans le débat actuel, M. Fischler a cité le fait que les préoccupations non agricoles sont "ignorées" par un certain nombre de partenaires commerciaux. Or, a souligné l'ambassadeur européen Carlo Trojan, ces soucis en matière d'environnement, de développement rural et de sécurité alimentaire, "font partie de l'équilibre des intérêts et du mandat de Doha". M. Fischler a fustigé le groupe de Cairns, rassemblant 18 pays exportateurs agricoles, qui se limite à demander l'ouverture des marchés agricoles mais "ne se montre pas très ambitieux sur les questions non agricoles".
Rejetant tout reproche d'immobilisme, le commissaire a relevé que certains pays membres de l'OMC estiment que les réformes proposées par Bruxelles "vont beaucoup trop loin". |