Login

Insolite Six cent puits de pétrole au milieu des vignes autrichiennes

VIENNE, 4 avr (AFP) - Sur la route des vins autrichienne, qui traverse le plus grand champ pétrolifère onshore d'Europe, les puits et derricks se dressent au milieu des vignes.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

L'Autriche produit un million de tonnes de pétrole par an, soit l'équivalent de ce qu'elle importait d'Irak avant la guerre, et couvre ainsi 10% de ses besoins.

Avec environ deux millions de tonnes par an, la production française ne représente que 2% de sa consommation annuelle.

L'Autriche est ainsi le quatrième producteur d'or noir en Europe centrale, après la Roumanie, la Hongrie et la Croatie, indique Gerhard Letouze, de l'Institut fédéral de géologie.

Les réserves sont estimées à dix ou douze ans, davantage si l'exploration s'avère fructueuse, précise-t-il.

La compagnie pétrolière autrichienne OMV a annoncé en fanfare début mars la découverte d'un nouveau gisement de 500 millions de tonnes qui permettra de compenser les 8% de baisse annuelle de la production due aux puits qui s'épuisent.

"Ici, le pétrole ne jaillit pas de lui-même, et nous pompons 90% d'eau. Les coûts d'extraction sont six fois plus élevés qu'en Arabie saoudite mais comparables à ceux des Etats-Unis et du Canada", explique Udo Bregar, du service exploration et production nationale de l'OMV.

Pourtant, rien à voir avec le Texas ou le désert saoudien. Le plus grand champ pétrolifère onshore d'Europe, d'après Christoph Capek, directeur de l'association autrichienne des producteurs et distributeurs de pétrole, s'étend en Basse-Autriche, la première région vinicole du pays.

A 30 km de Vienne, au milieu des vignes, sont disséminés quelques 600 pompes à balancier de trois mètres de haut, et une centaine de stations d'extraction de gaz naturel. Mais d'ouvriers, on n'en voit guère. "Tout est automatisé. Seules 200 personnes travaillent directement dans l'extraction, soit dans la maintenance, soit dans le forage", explique Udo Bregar.

Pour les propriétaires, la fortune n'est pas sous les ceps de vigne. "J'ai un ami au Texas: il exploite lui-même ses gisements. Ici tout est propriété de l'Etat. Pour les trois puits qui sont sur mes terres, je ne reçois qu'une indemnité annuelle", constate Franz Stadtler, vigneron à Auersthal.

Dans ce paysage vallonné alternent des parcelles de céréales et de "Veltliner vert", un cépage qui donne le vin blanc nouveau que l'on boit dans les auberges.

Les touristes, en majorité des Allemands, viennent par cars entiers, attirés par le charme pittoresque des villages aux maisons pastel, comme Auersthal, un centre de compression de gaz naturel.

"Les touristes viennent plus pour le vin que pour le pétrole", affirme Helmut Hofer, fonctionnaire de cette commune de 1.900 habitants.

Mais sans l'exploitation du pétrole et du gaz, Maria Sommer, dont la famille tient la plus grande auberge du village depuis 120 ans, n'aurait pas construit son hôtel. "La moitié de nos clients sont des ingénieurs de l'OMV. On ne vivrait pas des seuls touristes", explique-t-elle, l'oeil sur son potage aux haricots.

Quant aux puits, les villageois s'y sont habitués. "Ca fait partie du paysage", selon M. Hofer. "Ma fille n'a pas peur d'avoir deux derricks à 20m de sa maison. Ce qui la dérange, c'est le chemin d'accès qui traverse son jardin", explique Mme Sommer.

Pour l'odeur de gaz, c'est différent. "J'ai toujours cette odeur dans le nez", se plaint Maria Kurz, productrice de vin, dans un fort accent provincial.

Cela nuit-il au goût du vin ? "Pas du tout, pour preuve, un de nos vignerons a obtenu il y a trois ans le prix du meilleur Veltlinger vert", se défend M. Hofer.


A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement