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PAC La Commission en position délicate sur le découplage des aides

LUXEMBOURG, 8 avr (AFP) - La Commission européenne semble vouée à édulcorer sérieusement son projet de réforme de la politique agricole commune (PAC), devant l'opposition réaffirmée mardi à Luxembourg par une majorité de pays de l'UE à un découplage total entre les aides directes aux exploitants et la production.

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Après neuf mois de débats stériles entre les Quinze, la piste d'un découplage seulement partiel, limité à certains secteurs, apparaît seule susceptible d'ouvrir la voie à un compromis avant la fin de la présidence grecque de l'Union européenne en juin prochain.

Chef de file des adversaires du plan du commissaire européen Franz Fischler, le ministre français de l'Agriculture Hervé Gaymard, dont le pays est le principal bénéficiaire de la PAC sous sa forme actuelle, a réitéré sa position sans ambages à Luxembourg.

"Nous sommes contre parce que le découplage total, c'est en réalité un revenu minimum agricole: on donne de l'argent sans contrepartie", a-t-il déclaré, en marge d'une réunion avec ses homologues de l'UE. "On a vraiment de l'aide sociale et nous, ce n'est pas l'idée que nous nous faisons de la PAC", a-t-il ajouté.

M. Gaymard a souligné que cette opposition au point clé du projet que la Commission souhaite mettre en oeuvre dès 2004 n'était "pas celle de la seule France" et que "les deux tiers" des Quinze restaient "opposés aujourd'hui au découplage total".

Son homologue espagnol Miguel Arias Canete a lui aussi réclamé le maintien dans le système d'aides d'une "incitation à la production".

Outre la France et l'Espagne, huit autres pays ont rejeté ou émis des réserves depuis l'an dernier à l'égard d'un découplage total: le Portugal, l'Italie, la Grèce, l'Irlande, la Belgique, le Luxembourg, l'Autriche et la Finlande.

Même les partisans de principe de l'idée montrent aujourd'hui des signes d'assouplissement. L'Allemagne, et dans une moindre mesure les Pays-Bas, commencent à plaider pour un découplage partiel, laissant le Royaume Uni, la Suède et le Danemark pour seuls soutiens indéfectibles de M. Fischler.

"Les Allemands travaillent sur des formules de découplage partiel qu'ils n'ont pas fini d'élaborer", a indiqué M. Gaymard, relatant un entretien avec son homologue de Berlin, l'écologiste Renate Kuenast. Les Espagnols planchent aussi sur la question.

Le ministre français s'est lui-même dit ouvert à une formule susceptible "d'aboutir à une simplification des aides", notamment pour les primes au secteur animal. Il a aussi évoqué "un certain nombre de pistes à explorer" pour un système qui mènerait à "une prise en compte plus grande de l'environnement et du sol".

En position délicate, Franz Fischler est resté ferme mardi en maintenant "les fondamentaux" de son projet de réforme. Il a jugé "difficile d'y voir clair" sur un découplage partiel, dont tous les protagonistes des discussions peinent de facto à définir les contours.

Le commissaire a souligné en outre qu'il suggérait lui-même "de maintenir un lien entre les paiements directs et la production" pour des secteurs comme le riz ou le blé dur. Il a réaffirmé son intention d'arriver à un compromis global sur sa réforme d'ici juin.

Pour en arriver là, les Quinze devront néanmoins, outre l'épineuse question du découplage, franchir d'autres obstacles, notamment la dégressivité des aides également suggérée par la Commission mais là encore fermement rejetée par la France.


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