Le sujet le plus médiatisé de cette réunion de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) sera sans conteste l'agriculture, avec les baisses envisagées des aides internes à la production, des subventions à l'exportation et des barrières douanières (ou "accès au marché"). Pays pauvres et ONG réclament une baisse des aides à l'exportation (surtout américaines et européennes) qui ruinent les paysans du Sud en maintenant des prix mondiaux artificiellement bas. Les grands Etats exportateurs (Etats-Unis, Australie ou Argentine) veulent des baisses de droits de douane généralisées. D'autres sujets importants seront abordés, comme les droits de douane dans l'industrie, qui représente 8O% du commerce mondial. Certains pays, dont les Etats-Unis, sont favorables à une baisse généralisée, d'autres (UE, Japon, Inde...) en faveur de niveaux de droits de douane plus différenciés. Les sujets dits "de Singapour" (investissement et concurrence) sont aussi au programme. Les pays en développement craignent que par ces biais les grandes entreprises des pays riches imposent leurs règles chez eux. Enfin, sera abordé le thème crucial de l'accès des pays pauvres aux médicaments pour lutter contre les pandémies, comme le sida. Les Etats-Unis avaient été le seul des 145 pays membres de l'OMC à bloquer un accord sur le sujet en décembre. En revanche, la libéralisation du commerce des services, et notamment la question très controversée des services publics (santé, éducation), ne figure pas au menu des discussions de Cancun. Les militants altermondialistes d'Attac, de la Confédération paysanne de José Bové ou de l'union syndicale G10-Solidaires, qui se retrouveront au Larzac, contestent depuis plusieurs années l'opacité qui régit les discussions à l'OMC et le peu de poids accordé aux pays les plus pauvres. José Bové met notamment l'accent sur le rôle à l'OMC des grands entreprises derrière celui des Etats. Sa lutte vise à "contrecarrer la volonté des pays les plus riches et des multinationales de transformer la planète en un gigantesque Monopoly", a-t-il déclaré le 2 août à sa sortie de prison. De fait, le blocage des Etats-Unis sur l'accès des pays pauvres aux médicaments est dicté par les grandes firmes pharmaceutiques occidentales qui ont grandement financé la campagne électorale du président George W. Bush. |