Login

OMC / Agriculture En première ligne sur l'agriculture, l'UE doit se faire entendre des PVD

CANCUN (Mexique), 11 sept (AFP) - Placée en première ligne sur le dossier agricole, une situation banale à l'OMC, l'Union Européenne doit en outre manoeuvrer à Cancun dans un environnement différent et compliqué par l'assurance nouvelle affichée par les pays en développement (PVD), estimait-on au secrétariat de l'OMC.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Venue à Cancun avec un agenda très ambitieux, l'Union Européenne a un intérêt majeur à débloquer le dossier agricole si elle veut progresser dans les autres secteurs.

"Il n'y a aucun doute que l'agriculture est le sujet autour duquel tourne tous les autres", a expliqué mercredi à l'AFP Keith Rockwell, porte-parole de l'OMC et de son directeur général Supachai Panitchpakdi, à l'issue de la première journée de la conférence ministérielle.

"Et il est très important de faire des progrès très tôt sur l'agriculture afin que le travail commence pour de bon dans les autres domaines. Plus cela demandera de temps pour avancer sur l'agriculture, plus il sera difficile de progresser ailleurs", selon M. Rockwell. Habitué à affronter sur ce dossier les grands pays exportateurs du Groupe de Cairns et les Etats-Unis, le négociateur européen Pascal Lamy doit en outre tenir compte de l'irruption dans le débat des pays en développement.

La déclaration commune publiée le 13 août dernier par l'UE et les USA pour débloquer la négociation agricole a suscité une riposte des pays en développement, rassemblé dans une nouvelle coalition, le G21.

"Nous avons été surpris par l'ampleur de la coalition", reconnaissait le responsable d'une organisation patronale européenne présent à Cancun. Derrière l'Inde et le Brésil, poids lourds du monde en développement à l'OMC, elle compte dans ses rangs des pays comme le Pakistan, l'Egypte, le Mexique ou l'Afrique du Sud.

Dans le camps européen, on estime que cette coalition, qui exige peu ou prou un désarmement unilatéral des seuls pays avancés en matières de soutiens et subventions agricoles, est essentiellement tactique et ignore les différences de situation et les divergences d'intérêt entre pays en développement. Une libéralisation aveugle des échanges agricoles profiterait essentiellement aux grands exportateurs comme le Brésil et l'Argentine, au détriment de pays moins bien dotés en Afrique ou en Asie orientale.

Dans son discours devant les délégués des 146 membres de l'OMC mercredi, M. Lamy a d'ailleurs mis en garde contre la résurgence d'une division artificielle au sein de l'OMC.

"Nous devons éviter de recréer l'atmosphère de confrontation entre le Nord et le Sud des années 70 et 80. Ce serait une grave erreur de considérer la situation sous cet angle et contraire à la réalité", a-t-il expliqué. Selon Pascal Lamy, "il y a de nombreuses lignes de séparation dans nos débats, des positions variées tant au Sud qu'au Nord".

Alors que la conférence est entrée dès mercredi dans la phase active des négociations avec la désignation des cinq "facilitateurs" chargés de déblayer le terrain sur les principaux dossiers, les Européens devraient très vite faire un geste, a estimé un expert.

"Tant que les grands acteurs ne se dévoileront pas en disant ce qu'ils peuvent faire, nous aurons un problème. Or, à tort ou à raison, l'UE apparait comme le cas le plus difficile en matière agricole", selon cette source.

Pascal Lamy pourrait par exemple préciser la liste des produits sensibles pour les PVD pour lesquels l'UE pourrait renoncer aux subventions à l'exportation, a suggéré cette source. Mardi, le négociateur européen avait indiqué qu'il attendait sur ce point les demandes des pays en développement. La difficulté vient de ce que l'UE entend obtenir le "parallélisme" avec les Etats-Unis, dont les efforts devraient être équivalents.

Après avoir rencontré mercredi les représentants des pays africains, M. Lamy a apporté le soutien de l'UE à l'initiative sur le coton lancée par les principaux producteurs du continent noir. Elle vise essentiellement les Etats-Unis, qui subventionnent massivement leurs producteurs de coton.


A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement