Devant purger une peine de prison de dix mois à la suite de ses actions anti-OGM, José Bové a été arrêté dimanche à l'aube lors d'une opération spectaculaire : les gendarmes ont encerclé sa ferme près de Millau dans le sud de la France et y ont pénétré après en avoir défoncé la porte. Devant le tollé suscité à gauche par cette opération, le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy a rétorqué: "Ce qui serait illégal, serait qu'un gouvernement n'exécute pas une décision prononcée par un juge". "Un tribunal a prononcé une décision de justice et celui qui en est destinataire est emprisonné, comme l'ont demandé les magistrats. Quel est le problème, où est le scandale ?", a-t-il ajouté . Connu dans le monde entier pour son combat contre la globalisation, le porte-parole du syndicat Confédération paysanne, âgé de 49 ans, avait été condamné pour deux actions de destruction de plants de maïs et de riz génétiquement modifiés, cultivés par un organisme de recherche, en 1998 et 1999, dans le sud de la France. Syndicats et partis de gauche, indignés par les "méthodes spectaculaires" utilisées contre le dirigeant syndical, ont demandé sa libération et une grâce présidentielle. Le porte-parole de l'UMP, parti du président Jacques Chirac, n'a pas exclu cette possibilité qui pourrait intervenir le 14 juillet prochain, jour de la fête nationale. "Il s'appliquera à José Bové, comme à tous les détenus, le décret du président de la République de réduction de peine prévue comme chaque 14 juillet, ce qui n'est pas une mesure personnelle mais générale", a précisé M. Renaud Donnedieu de Vabres. Il a cependant jugé que les critiques des modalités spectaculaires de l'arrestation du dirigeant syndical, constituait "une polémique déplacée car José Bové est la cause directe des modalités de son incarcération". "C'est son refus de tout contact avec le juge d'application des peines, c'est la menace de ses amis résolus à s'opposer à la justice par tous les moyens" qui ont conduit à l'opération des forces de l'ordre, a-t-il affirmé. "Je ne collaborerai pas avec la justice, c'est à elle d'assumer ses responsabilités. Il faudra venir me chercher", avait déclaré José Bové la veille de son arrestation. Pour Le Monde daté de mardi, "le gouvernement a choisi de faire de l'interpellation de José Bové une démonstration de force politique", offrant selon le quotidien une occasion "à la gauche de retrouver la mobilisation qui s'était étiolée au fil des manifestations de mai et juin". Plusieurs syndicats et associations appelaient lundi à un rassemblement mercredi à Paris pour demander la libération de ce leader charismatique. On ne cultive pratiquement pas d'OGM en France. La décision du Conseil européen en 1999 de bloquer toute nouvelle autorisation avant l'adoption d'une réglementation complète, et les arrachages "sauvages" commis par les militants anti-OGM tels José Bové ont refroidi les firmes de biotechnologies en France. |