France/altermondialistes
"Larzac 2003 s'inscrit dans continuité" (Tarlier)
par AFPil y a 22 ans3 min de lecture
MILLAU (Aveyron), 6 août - Maryzette Tarlier est une militante de longue date du Larzac (Aveyron, sud), engagée dès le début des années 70 dans la lutte contre l'extension du camp militaire aux côtés de son mari Guy, aujourd'hui décédé, signataire du "serment des 103" agriculteurs qui refusaient de laisser le plateau entre les mains de l'armée française.
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A 70 ans, elle estime que le rassemblement altermondialiste des 8, 9 et 10 août s'inscrit dans une continuité pour les militants du Larzac.
Quels principaux souvenirs gardez-vous des années 70 et de la lutte contre l'extension du camp militaire ? "Il est difficile de faire le tri dans les souvenirs car chacune de nos actions était importante. Il y a eu les brebis sous la tour Eiffel, les marches en tracteur ou à pied et puis des choses moins joyeuses, comme ces jours en prison que j'ai fait avec 21 autres personnes qui étaient entrées dans le camp. La lutte fut souvent rude mais toujours riche en solidarités. Nous avions commencé à nous mobiliser pour défendre nos terres, puis très vite le combat est devenu national tout en restant entre les mains des paysans et en s'articulant autour d'idées fortes comme la non-violence. A l'époque, nous clamions: "le blé fait vivre, les armes font mourir".
Dans quel contexte s'inscrit selon vous "Larzac 2003" ? "Ce rassemblement s'inscrit dans une continuité. Depuis le départ et même après la victoire de 1981 (ndlr: retrait du projet d'extension du camp), nous avons toujours travaillé pour l'aménagement du Larzac. Il y a aussi ce que nous appelons le retour de solidarité qui a débuté avec les paysans du Sahel et qui s'est prolongé avec la Nouvelle-calédonie, la Polynésie, la Palestine, les paysans sans terre d'Amérique du Sud. Larzac 2003 s'adresse notamment aux jeunes qui n'étaient pas là il y a trente ans. Pour autant, je n'aime pas trop le rôle d'ancien combattant car, sans renier le passé, je préfère me situer dans le présent. Les combats se poursuivent. Nous ne sommes pas opposés à tout mais en tant qu'altermondialiste, je lutte contre la malbouffe, les OGM, l'OMC et je suis préoccupée par l'avenir des pays du Sud. Rien d'étonnant d'ailleurs à ce que les acteurs des mouvements sociaux de ce printemps nous rejoignent cette semaine car nous voulons toujours construire un monde plus solidaire.
Quel jugement portez-vous sur José Bové (porte-parole de la Confédération paysanne) dont certains critiquent le statut de star ? Il a l'art de rendre clair pour le néophyte tous les aspects de nos actions. Bien sûr, il prend un peu de place et il avance souvent vite mais ce n'est pas désagréable. Il travaille énormément tout en restant disponible. Quelqu'un qui parle au nom des autres et qui a le courage de défendre ses idées et d'assumer ses actes prend des coups et suscite quelques jalousies. Peu importe car une de nos chances sur le Larzac, c'est d'avoir des gens comme José Bové mais aussi Jean-Emile Sanchez (secrétaire national du syndicat) ou Christine Thélen (du collectif "Construire un monde solidaire").