En 2002, les caves coopératives et Louis Latour ont reconduit pour 25 ans le contrat d'exclusivité signé en 1982.
"Cela fut le premier vin de cépage de France, ce concept s'est matérialisé ici à une époque où cela ne se faisait pas", affirme Denis Fetzmann, directeur du domaine de la maison familiale Latour, fondée en 1797, qui possède en Côte-d'Or 50 hectares dans les meilleurs vignobles de premiers et grands crus.
M. Fetzmann avait décélé ici un terroir favorable au cépage typique des vins blancs de Bourgogne, sur des sols argilo-calcaires. Les premiers plants de chardonnay sont arrivés en 1980 sur cinq hectares pour atteindre 350 ha en 1990, date de la fin des plantations. Un chai moderne a été construit en 1986 près d'Alba.
Le contrat d'exclusivité a été signé avec quelques caves coopératives, dont celle de Montfleury, près de Villeneuve-de-Berg. "C'était dans une logique de valoriser au mieux la vendange", explique Bernard Ganivet, président de la coopérative.
L'arrivée de Latour en Ardèche a été "un déclencheur formidable" dans une période où le vignoble poursuivait un travail de reconversion, raconte Jean-Luc Flaugère, président de la cave coopérative voisine de Valvignères, qui, ayant refusé la proposition du Bourguignon, s'est mis à planter du chardonnay pour son propre compte quelques années après.
Latour, qui exige un rendement de 45 hectolitres à l'hectare pour un degré naturel de 11,5 à 13 degrés, a établi un vrai partenariat avec le réseau coopérateur. Le prix de la récolte proposé par Latour est supérieur de 50% à celle en cours normalement.
Actuellement 200.000 caisses de vins de pays des côteaux de l'Ardèche Latour sont produites, dont 90% partent à l'étranger. Deux gammes sont disponibles, un Ardèche et un Grand Ardèche. Ce dernier est "élevé en fûts comme les Corton-Charlemagne en Bourgogne", dit M. Fetzmann. La maison Louis Latour teste actuellement un mélange viognier-chardonnay.
Pour M. Ganivet, travailler avec la maison bourguignonne "a amené de la rigueur dans le travail des vignes". "Cela nous a convaincus surtout qu'on était capable de faire d'excellents vins dans le sud de l'Ardèche, cela nous a apporté une fierté", poursuit-il.
Pour André Mercier, président du groupement des Vignerons ardéchois, qui regroupe 22 caves coopératives et commercialise 90% des vins de pays de l'Ardèche méridionale, tout le monde profite de cette "locomotive".
"Le Grand Ardèche, on peut lui dire merci, car il se trouve dans les plus grands restaurants du monde. Louis Latour aurait très bien pu ne pas mettre le nom Ardèche sur ses bouteilles", dit-il. |