Login

France Vladimir Poutine à Cheval Blanc, un des crus mythiques du Bordelais

BORDEAUX, 11 fév (AFP) - Le château Cheval Blanc, qui figure au zénith des crus mythiques du Bordelais, accueillera mercredi son plus célèbre visiteur, le président russe Vladimir Poutine, qui souhaitait depuis longtemps visiter la région de Saint-Emilion.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

"C'est une drôle d'affaire de recevoir un tel hôte", souligne Pierre Lurton, le gérant de la propriété qui a vu ces dernières semaines un ballet de policiers, de diplomates et autres émissaires officiels.

Tout ce qui concerne ce domaine de 37 hectares situé aux confins du vignoble de Saint-Emilion, à un jet de pierre de Pomerol, appelle le superlatif: son classement, sa réputation, la valeur de son vignoble, le prix de ses vins, et même ses propriétaires, qui figurent parmi les hommes les plus riches d'Europe.

Ce "premier grand cru de Saint-Emilion", le seul "classé A" avec Château Ausone, voit actuellement son millésime 2000 s'arracher autour de 500 euros la bouteille, exemple du vent de folie qui a soufflé ces dernières années sur le marché.

Son histoire reflète celle d'une époque qui a vu les grands groupes supplanter peu à peu les grandes familles du Bordelais: tenue pendant 150 ans par les Fourcaud-Laussac, la propriété a été reprise en octobre 1998 par le financier belge Albert Frère et le PDG du leader mondial du luxe LVMH Bernard Arnault.

Pour cet achat de prestige, ceux que les viticulteurs du cru considèrent encore comme des "investisseurs étrangers" avaient déboursé plus de 120 millions d'euros, un prix-record alors que le foncier flambait dans la région de Saint-Emilion.

A l'époque de la transaction, Château Cheval-Blanc (prononcer "sha-toe-sheh-valh-blahn", comme le recommandent respectueusement les guides américains) jouissait déjà d'une réputation internationale. Depuis, le poids de LVMH dans le monde des marques lui a permis "de se positionner comme un produit élitiste", selon Pierre Lurton.

Rendement faible (40 hectolitres/ha), effeuillage, ramassage manuel... sur ce terroir graveleux, sableux et argileux, toutes les étapes de la vinification relèvent de la haute-couture. L'exigence de qualité est telle que le millésime 1991 n'existe pas: à cause du gel, toute la récolte avait été vendue sous l'étiquette "petit cheval", le deuxième vin.

Ces dernières années, les louanges du critique américain Robert Parker ont fait exploser les prix: "s'il est en 2000 un vin qui puisse justifier toutes les bassesses, c'est bien Cheval Blanc", écrit le "Pape des vins" dans la dernière édition de son guide. Aujourd'hui, les quelque 100.000 bouteilles qui sortent chaque année de ses chais se vendent 30 à 40% plus cher que les autres grands crus du Bordelais, selon les chiffres de la propriété.

De sa visite à Cheval Blanc, Vladimir Poutine gardera une caisse de vin de différentes millésimes choisis par Pierre Lurton en fonction des "dates qui ont compté pour lui" - 52: sa naissance, 83: son mariage, 85 et 86: la naissance de ses filles. Et enfin 2000, année de son arrivée au Kremlin.

La Russie figure au quinzième rang des importateurs de vins de Bordeaux, derrière la Finlande et l'Irlande, avec 11.200 hectolitres en 2001, selon les chiffres du Conseil inter-professionnel des vins de Bordeaux (CIVB).


A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement