Environ 18.000 agriculteurs ont débuté leur carrière en 2002, quand 30.000 autres prenaient leur retraite, selon des données du Centre national pour l'aménagement des structures des exploitations agricoles (CNASEA), un organisme public. La tendance à la baisse du nombre d'exploitants (550.000 aujourd'hui) se ralentit depuis 1994, pour des raisons démographiques. De son côté, le Centre national des jeunes agriculteurs (CNJA), pépinière du syndicat majoritaire FNSEA, peaufine actuellement, sous le regard intéressé de l'Etat, un projet de toilettage des aides publiques à l'installation qui visera, plus que jamais, les vocations extérieures au monde agricole. Dès à présent, près d'un nouveau paysan sur trois n'est pas fils ou fille d'exploitant. Mais pour ces candidats "hors-cadre familial", le plus dur est de trouver une ferme à reprendre. Lancée dans les années 50, la course à la productivité a rendu nécessaire d'agrandir inlassablement les exploitations, pour accroître le revenu ou simplement le maintenir. Lors d'un départ en retraite, les voisins du cédant concurrencent souvent les jeunes souhaitant s'installer, et qui ploient déjà sous le poids d'emprunts sur vingt ou trente ans. Les initiatives nationales et locales se multiplient pourtant pour aider les volontaires. En Bourgogne, on incite les paysans arrivant à l'âge de la retraite à transmettre leur ferme à un jeune, en offrant au cédant une aide financière en plus de la dotation offerte par l'Etat au futur installé. Le dispositif est complété par une forme de tutorat du nouvel arrivant par l'ancien. "Aider un voisin à s'agrandir, c'est la facilité", plaide Stéphane Aurousseau, président des jeunes agriculteurs de Bourgogne, espérant que "les agriculteurs qui ont travaillé toute une vie à bâtir leur ferme comprendront que seule une installation peut la maintenir." Autre hypothèque, la politique agricole commune (PAC), principal budget communautaire avec environ la moitié des dépenses, s'apprête à connaître une troisième refonte en quinze ans. Les orientations proposées par la Commission européenne suscitent des interprétations divergentes parmi les syndicats, mais tous déplorent une instabilité réglementaire peu propice à l'installation. "Quand on s'installe pour une longue carrière, on a besoin de visibilité pour bâtir son projet avec les banques", explique Christophe Carcouet, 37 ans, producteur de lait en Loire-Atlantique. Bien des stagiaires attirés par l'installation redoutent enfin l'isolement de fermes de plus en plus vastes, dans lesquelles ils travailleront souvent seuls. Beaucoup craignent aussi de manquer de temps libre, une notion introduite dans le métier par des conjoints qui, de plus en plus souvent, ont un emploi en ville. Grâce aux services de remplacement pendant les vacances, aux centres de gestion, ou encore à l'entraide qui se développe au sein des coopératives de proximité, la qualité de vie des jeunes agriculteurs a pourtant grandement évolué. De plus, la "rurbanisation" des communes profite au tissu associatif, estompant la fracture entre ville et campagne sur le plan des activités de loisir. Reste à le faire savoir. Cette "promotion du métier" est l'un des piliers de la réforme que le CNJA s'apprête à soumettre au ministre de l'Agriculture. |