Après avoir étudié 19 plantes d'intérêt pour l'industrie agroalimentaire, le rapport de l'AFSSA propose une démarche qui pourrait à l'avenir régir la vente et la promotion de ces comprimés, gélules ou gouttes présentés comme bénéfiques pour la santé (vitamines, minéraux, fibres, plantes, acides gras...). La méthode préconisée rejoint grosso modo les principes généraux appliqués aux aliments, mais en tenant compte des particularités des plantes, en particulier des qualités reconnues par la "tradition", à laquelle l'Afssa veut bien ménager une petite place, mais très encadrée. * En premier lieu, l'Afssa se penche sur l'évaluation des risques, rendue délicate pour les plantes car les divers modes de préparation aboutissent à des effets variables. Elle provoquent aussi parfois des dommages quand elles se télescopent avec certains médicaments. L'Afssa reconnaît avec parcimonie une petite valeur au "caractère traditionnel établi", tout comme la réglementation européenne. Mais avec quantité de limites: la tradition, souligne-t-elle n'assure pas la prévention "contre des plantes mal connues, voire toxiques, face à l'engouement pour la bonne mère nature", ironise le rapport. La tradition "peut participer à établir un corpus de connaissances", mais "en aucun cas être assimilée" à une étude scientifique, note-t-il. "De plus, la tradition ne permet pas de se prémunir contre les risques nouveaux", comme pour le millepertuis, plante médicinale traditionnelle contre-indiquée avec d'autres médicaments. Plus grave, régulièrement des amateurs d'herboristerie se trompent de plantes par confusion sur les noms, avec des risques d'effets toxiques, ce qui a été le cas par exemple en 2001 pour du badiane du Japon consommé au lieu de badiane de Chine, ce qui a provoqué des convulsions, ou encore d'une plante chinoise qui a provoqué des accidents rénaux avec parfois la nécessite de greffe, rappelle l'Agence. La démarche d'évaluation devra aussi spécifier la provenance, la période de récolte, le traitement, la méthode d'extraction et les conditions de consommation, tous paramètres qui peuvent modifier les effets du produit. L'Afssa recommande aussi une surveillance post-commercialisation. En second lieu, pour juger de l'intérêt et de l'efficacité d'un produit à base de plantes -- médicaments exclus -- l'Afssa accorde là aussi un rôle à la tradition, mais très mineur: elles préconise ainsi que la réputation traditionnelle, si elle existe, soit corroborée par des tests expérimentaux. En cas d'absence de tradition, seuls les données expérimentales joueront. Enfin l'allégation revendiquée par les fabricants devra être cohérente et proportionnelle avec l'effet connu et vérifié. Petite consolation pour les plantes aux vertus "traditionnelles" mais non reconnues par la sciences: elles pourront bénéficier d'une allégation particulière, du type "l'effet est traditionnellement reconnu et l'efficatité n'a pas été cliniquement démontré", propose l'Afssa. |