"Il faut remonter à 1991 et, avant, à 1975 pour retrouver une telle situation", explique Laurent Oustry, directeur de la Fédération nationale des producteurs de fruits (FNPF). Car la gelée noire, cet air froid qui se dépose sur le sol et fait chuter le thermomètre jusqu'à moins dix degrés, reste heureusement très rare. Les agriculteurs redoutent beaucoup moins la gelée blanche de printemps, qui forme une couverture de givre et entraîne des températures moins basses. Régions les plus touchées: l'Alsace-Lorraine et ses productions de mirabelles, quetsches, cerises, pommes et poires, le Nord et le Bassin parisien, Rhône-Alpes et le Val de Loire. "La région Rône-Alpes a été particulièrement affectée alors qu'elle est un des premiers bassins de production de fruits à noyaux, abricots, pêches, cerises. Il y a même des dégâts sur les framboises et les fraises cultivées sous abri", dit M. Oustry. D'après les producteurs, les trois-quarts des fruits à noyaux sont atteints dans cette région. Seuls le sud de l'Ardèche et de la Drôme ont été épargnés. Impossible pour l'instant d'évaluer les pertes. Un premier état des lieux ne pourra être dressé que dans deux à trois semaines. "Actuellement, on sait que le verger en mirabelles a été touché à 80%, 90%. Il s'agit d'un gel sur fleurs: ou elles sont grillées ou elles tombent, les agriculteurs doivent donc attendre la pollinisation pour estimer les dégâts", précise M. Oustry. Les producteurs de fruits demandent que soit accélérée la procédure de calamité agricole, dispositif dépendant de la Commission nationale des calamités, habilitée à déclarer comme sinistrés départements et productions. Ils souhaitent également que les taux d'indemnisation soient majorés. Certaines régions sont mieux loties: la Provence-Alpes-Côte d'Azur, le Languedoc-Roussillon -gros bassin de production de pêches et nectarines- et le Sud-Ouest avec ses poires, pommes, prunes et cerises, n'ont pas souffert du gel. Maigre consolation, quelques pays concurrents de la France, comme l'Italie et la Grèce, ont également subi les gelées dévastatrices. Une flambée du prix des fruits serait-elle donc à redouter dans quelques mois ? Pour l'instant, les professionnels se gardent de toute prévision. |