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FNSEA/Congrès national Le syndicat agricole entend s'opposer à la logique "ultra-libérale"

GRAND-BORNAND (Haute-Savoie), 31 mars 2004 - Un mois avant l'élargissement de l'Union Européenne, la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) entend s'opposer à "la logique ultra-libérale" et au "diktat" de Bruxelles qui entraînent selon elle les paysans vers le fond.

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"Si nous ne faisons rien, la France risque d'être emportée sur la pente d'une désagriculture irréversible", s'est exclamé mercredi Dominique Chardon, secrétaire général, lors de son rapport moral au cours de la deuxième des trois journées du 58ème congrès de la FNSEA, la principale organisation syndicale agricole française.

"L'agneau de Nouvelle-Zélande, les vins et les pommes de l'hémisphère Sud, les légumes du Maroc, les céréales d'Ukraine nous prouvent que rien n'est impossible ! L'industrie ou le textile l'ont déjà vécu. Je refuse de m'inscrire dans un tel schéma", a affirmé M. Chardon.

Aussi la FNSEA, quelques jours après les élections régionales où de nombreux agriculteurs semblent s'être détournés de la majorité au pouvoir en France, entend profiter des élections européennes, en juin, pour "dire haut et fort quelle Politique agricole commune (PAC) et quelle politique de cohésion régionale doit se mettre en place".

Un an avant son 60ème anniversaire, la FNSEA procède à une introspection après avoir été fortement ébranlée par l'amende record de 12 millions d'euros infligée par Bruxelles, pour une entente jugée illicite sur les prix de la viande au moment de la maladie de la "vache folle", et la mise en examen de plusieurs de ses responsables, dont l'ancien président Luc Guyau, dans une enquête sur des détournements présumés d'une partie du produit des taxes parafiscales françaises.

Exigible en juin, l'amende de Bruxelles - qui représente près d'un an du budget total annuel de la FNSEA (15 M EUR) - est, pour M. Chardon, "sur le fond dévastatrice". "En mettant notre organisation au banc des accusés, c'est d'abord la liberté syndicale, ce droit fondamental de nos démocraties, qui est condamné ! En voulant abattre la FNSEA, c'est sa capacité à organiser et à défendre les paysans que l'on fait monter à l'échafaud !", a-t-il lancé.

Pour la FNSEA, la Commission de Bruxelles "cherche à casser toute forme d'organisation dominante des producteurs" et "donne à la grande distribution tous les arguments pour faire de nous des sous-traitants" tout en ignorant "la puissance des centrales d'achat et autre consortium de vente".

Durement critiquée pour sa politique de "cogestion" avec les pouvoirs publics par les syndicats minoritaires comme la Confédération paysanne et la Coordination rurale, la FNSEA tente de dégager une "troisième voie". Concernant ses finances, la FNSEA a souhaité, pour préserver son indépendance, que les cotisations de ses adhérents (320.000 revendiqués mais avec des problèmes de paiement) reste sa principale ressource.

Dans le rapport d'orientation, voté en fin de journée, il est également demandé que "le financement public du syndicalisme" soit "définitivement inscrit dans les textes de loi". Une question que les congressistes voulaient poser au ministre de l'Agriculture Hervé Gaymard qui devait clôturer le congrès jeudi après-midi. Mais le remaniement ministériel attendu laisse planer le doute sur sa présence en Savoie.


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