En fin d'après-midi, le dépôt de Total de Lespinasse (Haute-Garonne) était bloqué, de même que la raffinerie Total de la Mède (Bouches-du-Rhône), le site pétrolier du port de Lyon (Rhône-Alpes), les deux dépôts de carburant de Longvic, dans la banlieue de Dijon, ont constaté les journalistes de l'AFP. Un dépôt à Bacouel-sur-Selle, près d'Amiens, le dépôt pétrolier de Total à Lorient (Morbihan), le dépôt pétrolier du port de La Palice, près de La Rochelle (Charente-Maritime) et la raffinerie Shell à Petit-Couronne près de Rouen, étaient toujours occupées lundi soir.
La raffinerie de Port-la-Nouvelle (Aude) a également été bloquée mais les manifestants ont indiqué lundi soir qu'ils s'apprêtaient à lever le blocage. Les forces de l'ordre ont délogé les manifestants à Caen (Calvados), à Saint-Baussant (Meurthe-et-Moselle), à Saint-Pierre-des-Corps (Indre-et-Loire) et à Saint-Jean-de-Braye (Loiret), ou les a empêché de s'installer, notamment à Frontignan, près de Sète (Hérault).
"Le président Chirac a fait un beau discours jeudi à Aurillac sur l'agriculture. Les Jeunes Agriculteurs demandent au Premier Ministre Jean-Pierre Raffarin de traduire cela dans des actes, notamment concernant les diminutions de charges", a déclaré à l'AFP le secrétaire général des JA Philippe Meurs. "Or, pour le moment, le gouvernement pratique la politique du bâton plutôt que celle du dialogue", a-t-il ajouté.
Interrogé par l'AFP, le ministère de l'Economie et des Finances affirme "réfléchir à la question" et promet une "réponse dans les heures ou les jours qui viennent". Le ministère de l'Agriculture a indiqué lundi en début de soirée dans un communiqué avoir adressé une lettre co-signée par le ministre Hervé Gaymard et le ministre de l'Economie Nicolas Sarkozy au Président des Jeunes Agriculteurs Bernard Layre. Cette lettre précise, selon le ministère, "que des mesures spécifiques sont à l'étude sur la taxe intérieure et la consommation de gaz naturel et sur la taxation du fuel lourd afin de permettre aux exploitations concernées de supporter cette charge supplémentaire".
Les JA souhaitent que le secteur agricole soit placé sur le même plan que celui de la pêche, qui bénéficie d'un carburant professionnel détaxé, ce qui permet d'amortir la flambée du marché pétrolier.
Ils estiment insuffisants le remboursement de 4 centimes d'euros par litre de carburant au profit des agriculteurs pour les six derniers mois de 2004, annoncé le 13 octobre, à titre exceptionnel, par le ministre de l'Economie Nicolas Sarkozy.
Le coût de cette mesure pour le budget de l'Etat serait, en année pleine, de 80 à 90 millions d'euros, selon les JA, alors que la facture totale de la hausse du prix du carburant pour la "Ferme France" s'élève, toujours selon eux, à plus de 500 millions d'euros sur une année. Les agriculteurs ne réclament "pas l'aumône, mais un geste politique fort" de la part du gouvernement, a confié Bernard Layre à l'AFP. Venu soutenir les manifestants de Midi-Pyrénées à Lespinasse (Haute-Garonne), M. Layre assure que les JA sont "déterminés" à poursuivre leur mouvement durant plusieurs jours. |