Des sociétés comme Tereos (ex-Béghin-Say), Bonduelle, Louis-Dreyfus, mais aussi le distributeur Carrefour, présent dans l'élevage bovin et le raisin de table, réussissent dans ce pays considéré comme "la dernière frontière agricole" au monde.
90 millions d'hectares de terres sont encore disponibles pour l'agriculture, soit une fois et demie la superficie de la France.
"Les actionnaires de Tereos ont souhaité participé, à partir de 2000, à l'expansion du marché mondial du sucre et de l'éthanol. Or le Brésil est le pays au monde qui est le mieux placé", explique Jean-Claude Religieux, le patron de Guarani et FBA, les deux filiales brésiliennes de ce groupe coopératif de 9 000 associés.
Premier pays producteur et premier exportateur, le Brésil a largement participé à la progression de la production mondiale de sucre entre 2000 et 2004, passant de 16,2 à 27,4 millions de tonnes. Pour 2010, les prévisions de l'Unica, l'association de la filière de la canne à sucre de Sao Paulo, prévoient une production brésilienne de 36 millions de tonnes dont 26 seront exportées.
Tereos compte aussi profiter de la hausse du prix du pétrole et du développement de l'utilisation de l'éthanol, qui peut être mélangé à l'essence des voitures. En 2004, le groupe doit traiter dans ses cinq usines brésiliennes près de 10 millions de tonnes de canne pour produire 3,1 millions d'hectolitres d'alcool.
La capacité brésilienne d'exportation d'éthanol devrait être portée de 2 millions m3 en 2004 à 5 millions de m3 d'ici trois à cinq ans.
Carrefour, 2e distributeur au Brésil avec ses 86 hypers, sa centaine de supermarchés Champion et plus de 200 magasins discount Dia, possède également - ce qui est unique dans son implantation mondiale - 90 000 bovins sur 35 000 hectares et 770 hectares de raisins de table, ce qui en fait dans ce secteur le premier producteur d'Amérique du Sud.
"Pour l'instant, il n'est pas prévu de développer la production agricole qui ne représente qu'1 % de notre chiffre d'affaires annuel de 3 milliards de dollars", dit Franck Pierre, directeur marchandises de la filiale brésilienne de Carrefour.
Louis-Dreyfus de son côté a investi dans des plantations d'orangers sur 15 000 hectares, pour les jus d'oranges dont le Brésil est le premier producteur mondial, mais aussi dans trois usines de sucre et dans la transformation du soja pour la production de tourteaux et d'huile.
Ce groupe de négoce international réalise déjà à l'exportation 1,5 de son 1,8 milliard de dollars de chiffre d'affaires au Brésil, selon Pierre Deram, son directeur financier.
Le groupe nordiste Bonduelle quant à lui, présent du Brésil depuis 1994, produit depuis trois ans dans ce pays du brocoli et du manioc en surgelés et des coeurs de palmier en conserve. "Nous avons le projet de lancer la production de maïs en conserve, principalement pour l'exportation", dit Milton Baptista, directeur de Bonduelle au Brésil.
Mais ces investissements français risquent d'aggraver le déficit de la balance agroalimentaire entre les deux pays, le Brésil exportant de 12 à 15 fois plus, selon les années, que les importations françaises (194 millions d'euros en 2003 dans ce secteur), selon Bertrand Camacho, attaché agricole à l'ambassade de France à Brasilia. |