En prônant des pratiques culturales respectueuses de l'environnement, la nouvelle PAC (Politique agricole commune), adoptée en juin 2003 par Bruxelles, peut favoriser le retour du petit gibier dont la chasse intéresse traditionnellement le plus grand nombre de chasseurs. "Encore faut-il qu'elle ne s'accompagne pas des lourdeurs administratives habituelles, sinon elle ne sera pas respectée par les exploitants, la faune ne sera pas au rendez-vous et les chasseurs ne reviendront pas", avertit l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS).
La nouvelle PAC, relève cet établissement public qui gère l'activité cynégétique, va encourager la création de bandes enherbées le long des cours d'eau et le retour des haies qu'affectionnent par exemple les perdrix. "Dès 2005, sur les 10% de surfaces céréalières mises en jachère, il faudra 3% de bandes enherbées". Les chasseurs français, les plus nombreux de l'UE (1,3 million), comptent 1/3 d'agriculteurs et jusqu'à 50% dans certaines régions, rappellent l'ONCFS et la FNC qui défend leurs intérêts. "L'érosion de leur nombre a suivi la déprise agricole, c'est le facteur dominant", note la directrice adjointe de la FNC, Françoise Peschadour.
La PAC traditionnelle, dont les aides augmentaient en fonction du volume produit, a conduit à la création de méga-exploitations, faisant fuir le lièvre et les oiseaux. Sa réforme va permettre "un remembrement à l'envers", observe Mme Peschadour. Elle va encourager le retour de petites surfaces entourées de haies et la création de corridors biologiques, ouvrant la voie à la reconquête définitive du petit gibier.
Les chasseurs, qui vont pouvoir à nouveau se livrer à leur activité favorite dimanche prochain dans le Sud, étaient plus de deux millions dans les années 70 (2.208.441 en 1974). Ils sont presque deux fois moins nombreux actuellement (1.312.912). Bon an mal an, 30.000 nouveaux permis sont délivrés mais 45.000 ne sont plus renouvelés. Du coup, la moyenne d'âge augmente et tourne autour de 50 ans. "A ce rythme là on pourrait presque prédire le jour où il n'y aura plus de chasseurs", observe un expert de l'ONCFS. L'agriculture et l'urbanisation n'expliquent pas tout. La pratique de la chasse est soumise à un examen rigoureux, accompagné désormais d'épreuves pratiques. Permis (203 euros pour le permis de chasser national) et équipement sont coûteux. Alors que le coût de la chasse augmente, celui des voyages et d'autres loisirs diminue (tennis, golf, etc).
"Il y a tout de même des éléments positifs et pas seulement la réforme de la PAC", note Mme Peschadour. "La France offre la plus grande diversité de modes de chasse en Europe et peut attirer de nombreux chasseurs étrangers, Allemands, Espagnols et Italiens par exemple. Nous travaillons à une reconnaissance mutuelle des permis". L'évolution socio-économique est également favorable avec l'allongement de la durée de la vie et l'installation à la campagne de plus en plus d'actifs (télétravail) et de jeunes retraités. Pour encourager ces "nouveaux ruraux" à tirer le canard ou le lapin, l'ONCFS et la FNC demandent que la chasse accompagnée (pratique expérimentale sous le contrôle d'un détenteur de permis) soit ouverte à l'avenir non seulement aux jeunes mais aussi à tous les adultes en bonne santé. |