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Fruits et légumes Les Européens divisés sur la gestion commune du marché

LUXEMBOURG, 18 oct (AFP) - Les ministres européens de l'Agriculture ont étalé lundi à Luxembourg leurs divisions sur l'avenir du marché en crise quasi permanente des fruits et légumes, lors d'un débat au cours duquel la France a réclamé un renforcement de la gestion à l'échelle communautaire.

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Plusieurs pays (Italie, Belgique, Pologne et Malte notamment) ont défendu des idées proches de la position de Paris en suggérant la création de systèmes d'assurances pour protéger les exploitants, selon des sources européennes.

A l'opposé, les "libéraux" du nord de l'Europe ont réclamé des changements beaucoup plus radicaux, notamment de couper le lien entre le montant des aides directes aux exploitants et le niveau de leur production, dans la lignée de la réforme de la politique agricole commune (PAC) adoptée en juin 2003.

En place depuis 1996, l'actuelle organisation commune du marché (OCM) des fruits et légumes n'a pas été concernée par ce "big bang" de l'année passée.

Le ministre français de l'Agriculture Hervé Gaymard a plaidé devant ses collègues pour qu'elle soit "améliorée parce que pour l'essentiel, elle ne nous permet pas aujourd'hui d'avoir les instruments qui permettent de faire face à la gestion des crises".

Il a évoqué l'idée d'une "caisse de stabilisation" pour "maîtriser les hauts et repriser les bas" du secteur sur une base pluri-annuelle.

Il a insisté parallèlement sur la nécessité d'une "meilleure organisation des producteurs", en soulignant l'"émiettement" de ces derniers face à "une distribution très concentrée".

"Nous avons une politique agricole commune substantielle... mais la survenance de crises à répétition dans toutes les filières annule complètement le bénéfice politique de cette PAC", a regretté M. Gaymard, lors d'une rencontre avec des journalistes en marge de la réunion.

"Il y a vraiment un chaînon manquant et ce chaînon manquant c'est d'avoir une boîte à outils qui permette, évidemment sous le contrôle de Bruxelles, aux Etats membres de mettre en place des mesures de gestion de marché", a-t-il déclaré.

De tels dispositifs nationaux, encadrés au niveau communautaire, pourraient "très bien" être mis en place "avec un peu d'organisation et sans coût budgétaire excessif", a estimé le ministre français.

De son côté, l'Italien Gianni Alemanno a explicitement avancé l'idée de mettre sur pied un système d'"assurances pour permettre une capitalisation" par les agriculteurs soucieux de se prémunir contre les plongées du marché.

Dans le camp opposé, le Royaume Uni, le Danemark et la Suède ont réclamé la suppression des mécanismes dit "de retrait", par lesquels l'Union européenne finance les surplus du marché en rachetant à fonds perdus les excédents pour les redistribuer aux organisations caritatives ou les détruire.

Les mêmes pays, rejoints par l'Allemagne, ont également marqué leur refus de tout nouveau mécanisme qui se traduirait par une augmentation du budget de la politique agricole commune (PAC), à ce jour le plus élevé de toutes les politiques communautaires, à plus de 40 milliards d'euros par an.

De premières propositions de révision de l'OCM fruits et légumes devraient être mises sur la table des ministres européens en décembre par Mariann Fischer Boel, l'ex-ministre danoise de l'Agriculture désignée pour prendre en charge le secteur à partir du 1er novembre au sein de la nouvelle Commission européenne.


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