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Justice Dix mois avec sursis pour un négociant bordelais qui mélangeait ses vins

BORDEAUX, 29 mars (AFP) - Un négociant bordelais a été condamné lundi à dix mois de prison avec sursis et plus de 180.000 euros d'amendes douanières pour avoir vendu comme AOC "Bordeaux" un mélange de vins du Midi et de Bordeaux, une fraude massive portant sur une dizaine de millions de bouteilles.

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Les tromperies de cette ampleur sont "extrêmement rares", selon l'Institut national des appellations d'origine (INAO), partie civile dans cette affaire qui intervient dans un contexte commercial difficile pour les vins bordelais.

Dominique Blanc, 49 ans, gérant de "l'Europénne de vins et d'alcool" et des "Caves bordelaises" a reconnu avoir commercialisé, entre 2000 et 2002 plus de 70.000 hl de vin trafiqué pour une valeur estimée par les douanes à 9 millions d'euros. Il a été jugé coupable de "tromperie" par le tribunal correctionnel de Bordeaux.

Celui qui dit avoir "travaillé proprement pendant 22 ans" affirme avoir basculé en 1999, parce que la récolte des producteurs bordelais était "rosée" et qu'il fallait "l'améliorer".

Le négociant qui revendiquait à l'époque 170 MF de chiffre d'affaire a donc acheté des vins du Midi qu'il a mélangés à des Bordeaux pour obtenir une couleur plus sombre, "mieux adaptée au goût du consommateur".

Ce sont deux enquêtes de la Répression des fraudes et des Douanes qui ont permis de révéler ces coupages interdits pour les vins d'appellation.

A l'audience, le ministère public avait requis six mois de prison ferme, tandis que les douanes demandaient plusieurs millions d'euros d'amendes, correspondant à la valeur estimative de la fraude.

Pour se justifier, Dominique Blanc assure que ces pratiques sont "assez répandues" dans la profession. "Ceux qui font le même métier que moi, dans les AOC premiers prix, achètent 10 camions de vin de Bordeaux et un camion d'une autre région de production", affirme-t-il.

"C'est facile d'accuser les autres pour faire passer ses propres turpitudes", tempère un fonctionnaire spécialiste de la filière viti-vinicole.

En 2002, les services de la répression des fraudes qui ont opéré 600 contrôles auprès des viticulteurs et négociants de Gironde ont transmis à la justice 40 dossiers d'infractions aux codes de la consommation ou du commerce. Rares, cependant, sont les affaires comparables à celle jugée lundi.

La semaine dernière, la justice a traité un autre dossier qui avait suscité l'émoi dans le Bordelais: un négociant belge qui avait vendu de faux Château Margaux et Château Lafite 1900 a été condamné à un an de prison avec sursis et 300.000 euros d'amende devant le tribunal correctionnel de Paris.

En 2002, un négociant bordelais qui travaillait avec les maisons de négoce les plus réputées de la place avait été condamné à de la prison ferme et à plus d'un million d'euros d'amendes pour avoir coupé des crus bourgeois avec du vin de table.


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