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OGM Le procès de la première action anti-OGM sur fond de contestation

VIENNE, 23 avril 2004 - Le procès de trois militants de la Confédération paysanne ayant participé, en 1997 en Isère, au premier fauchage de culture transgénique en Europe s'est déroulé vendredi à Vienne où plusieurs centaines de militants anti-OGM se sont rassemblés dans une ambiance de contestation ferme mais pacifique.

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Le jugement a été mis en délibéré le 21 mai. Les trois agriculteurs étaient poursuivis pour "destruction de biens d'autrui", sur plainte de la société semencière Monsanto, pour avoir fauché, avec leurs tracteurs, un champ de colza transgénique à Saint-Georges d'Espéranche (Isère), en compagnie de 300 autres militants anti-OGM.

Le procureur Franck Rastoul a exclu une peine de prison ferme, "qui ajouterait une ligne de fracture et susciterait de l'incompréhension en 2004". "Il y a dans notre état démocratique des lois que tout le monde doit respecter", a-t-il cependant rappelé, écartant la justification de l'état de nécessité avancé par les prévenus, avant de demander 800 euros d'amende pour chacun d'eux.

Demandant la relaxe "au nom de l'intérêt supérieur", Me François Roux a salué une "vraie désobéissance civile, dans la grande tradition de Gandhi". Sa consoeur Me Marie-Christine Etelin a salué "un acte fondateur de la révolte des agriculteurs, des citoyens, face à des essais secrets qui, s'ils avaient perduré, auraient entraîné la disparition des cultures traditionnelles".

C'est en musique, derrière une banderole proclamant "OGM en liberté + syndicalistes en prison = société en danger", et accompagnés par plusieurs centaines de sympathisants de la cause altermondialiste que Jacques Roux, Guy Germain et Fleury Joannin sont arrivés peu avant 9h00 devant le tribunal.

Un marché et un restaurant bios, des forums, des stands, des intermèdes musicaux étaient organisés dans le centre-ville qui n'a cependant pas connu l'affluence précédemment annoncée par les organisateurs. Avant le début du procès, juché sur la remorque d'un tracteur, José Bové, ancien porte-parole de la Confédération qui a rejoint l'organisation paysanne internationale Via Campesina, a estimé qu'"il y a sept ans, grâce à l'action des 3, la mobilisation anti-OGM a vraiment commencé".

Il a interpellé le ministre de l'Agriculture Hervé Gaymard, lui demandant de continuer le moratoire sur les OGM "car nous ne voulons pas d'OGM dans nos champs et nos assiettes". "Nous ne sommes pas des rats mais des hommes et des femmes debout, luttant pour leur avenir", a-t-il martelé, faisant allusion à un rapport divulgué jeudi par la presse et rendant compte de malformations sur des rats nourris au maïs génétiquement modifié.

A la barre du tribunal, Guy Germain a voulu recadré l'action militante de 1997 : "dans le contexte de la vache folle, on nous préparait la plante folle. Nous voulions, par ce geste, provoquer dans l'opinion publique un débat alors inexistant". Pour l'avocat de Monsanto, Me Jean-Philippe Delsart, "on ne peut pas s'auto-proclamer les gardiens de l'avenir, de l'univers, et venir détruire le travail des autres". "27 essais sur 50 ont été détruits l'an dernier. Les chercheurs français partent ailleurs car ils ne peuvent plus travailler", a-t-il regretté.


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