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OMC La France s'élève contre l'élimination des subventions à l'exportation

KILLARNEY (Irlande), 10 mai (AFP) - La France s'est élevée avec force lundi contre une élimination totale des subventions agricoles à l'exportation visant à débloquer les négociations à l'OMC, mais sa capacité à fédérer autour d'elle dans cette bataille ses alliés européens traditionnels suscite l'interrogation.

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Dans l'offre faite par les commissaires européens Pascal Lamy (Commerce) et Franz Fischler (Agriculture) aux membres de l'Organisation mondiale du commerce, Paris a dénoncé des "concessions unilatérales" pour des "contreparties illusoires".

En marge d'une rencontre avec ses homologues de l'Union à Killarney (Irlande), le ministre français de l'Agriculture Hervé Gaymard a accusé Bruxelles de courir le risque d'un "marché de dupes" avec les Etats-Unis.

"Cela nous semble outrepasser le mandat de négociations (accordé par les ministres de l'UE à la Commission) et être également tactiquement très dangereux", a-t-il déclaré à l'AFP.

"On est chaque fois en train de se déshabiller un peu plus, et ce n'est pas une solution", a renchéri à Paris le ministre français délégué au Commerce extérieur, François Loos.

Voir la France, première puissance agricole de l'UE, défendre le mécanisme des "restitutions" en vertu duquel les exploitants européens se voient reversés bon an mal an près de 3 milliards d'euros pour compenser leurs exportations aux prix du marché mondial, traditionnellement moins élevés, n'a rien d'étonnant.

Une question est de mesurer le soutien dont elle peut espérer bénéficier dans un duel avec la Commission, sur lequel bien peu de ses alliés habituels ont pris position.

M. Fischler a souligné à Killarney que l'offre proposée avec M. Lamy avait été soumise vendredi dernier à Bruxelles aux experts des Etats membres de l'UE, qui lui ont apporté "un large soutien".

Sans surprise, le Royaume-Uni, la Suède, le Danemark, les Pays-Bas, ainsi que l'Allemagne, dont la ministre Renate Kuenast a salué une initiative "juste et bonne", ont abondé dans le sens du commissaire.

"Je n'ai pas le sentiment que tous les Etats membres soient sur cette même ligne", a rétorqué M. Gaymard.

Signe de la sensibilité du dossier, les versions des participants à la réunion de la semaine passée varient.

Selon une source communautaire, Bruxelles y aurait reçu le soutien des "libéraux" du nord de l'Europe mais aussi des pays méditerranéens alliés habituels de la France. Cette dernière n'aurait reçu l'appui que de la Hongrie, l'Irlande et dans une moindre mesure de la Belgique.

De son côté, un responsable européen a recensé les mêmes oppositions, mais assure en revanche que l'Espagne, l'Italie, le Portugal ou la Grèce n'ont pas pris position.

La ministre espagnole Elena Espinosa n'a pas souhaité se prononcer à Killarney, où l'Italien Giovanni Alemanno était absent.

De son côté, l'Irlandais Joe Walsh, dont le pays fait lui aussi partie des alliés traditionnels de Paris, a évoqué un "bon accueil général" et, paralysé par la présidence de l'UE, passé sous silence l'opposition de Dublin en coulisses.

S'il a affiché un "plein soutien à une initiative destinée à donner un coup de fouet" aux discussions à l'OMC, il en a toutefois posé les "limites" en soulignant la nécessité de "gestes parallèles" des partenaires de l'UE.

Une autre question est de savoir si Paris aura véritablement besoin de batailler contre Bruxelles.

De ce point de vue, M. Walsh a minimisé lundi l'impact à attendre de l'initiative de la Commission en estimant qu'un accord à l'OMC avant la fin de l'année serait "très difficile" à obtenir "en raison des élections américaines".

"Vu le calendrier, tout est plié: c'est du flan", a résumé plus crûment une source diplomatique européenne.


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