Les Restos du coeur ont interpellé les candidats aux élections européennes et les principaux groupes politiques sur la "remise en cause" du Programme européen d'aide aux plus démunis (PEAD), à l'horizon 2005, "alors que sur le terrain, nous constatons une augmentation de près de 10% des bénéficiaires", affirment les Restos dans un communiqué.
Le Secours populaire de son côté a lancé une campagne dans ses permanences d'accueil pour recueillir des témoignages "qui permettront de sensibiliser l'Union européenne".
"Les produits de l'Union européenne représentent près de 50% de ce que nous distribuons", estime Jean-Louis Callens, secrétaire national du Secours populaire, dans un dossier consacré à ce sujet dans le mensuel "Convergence".
En 2003, le Secours populaire a distribué plus de 10.000 tonnes de produits essentiels (céréales, riz, produits laitiers, viandes), venant de l'Union européenne, en plus des 9.000 tonnes de produits alimentaires ou d'hygiène achetés ou collectés, précise l'association.
Enfin, la Fédération européenne des banques alimentaires a interpellé, dès janvier 2004, le Parlement européen à Strasbourg, par une exposition-manifeste.
Le PEAD, que certains ont appelé le "programme Coluche" parce que le comique, créateur des Restos du Coeur, avait réclamé devant le Parlement de Strasbourg qu'on ouvre les surplus européens aux associations caritatives, a été mis en place en 1987.
Ce programme, en contribuant à la politique de régulation des marchés en stockant des produits pour stabiliser leur valeur, permet de faire bénéficier les associations caritatives de produits de première nécessité.
La France a consommé, en 2003, 24,31% de la dotation globale du Programme, selon les Restos, qui précisent la répartition parmi les quatre grandes associations françaises bénéficiaires: 42 % pour les Banques alimentaires (qui les reversent à une centaine d'associations), 30% pour le Secours populaire, 27% pour les Restos du Coeur, 1% pour la Croix-Rouge.
C'est l'équivalent de plus de 15 millions de repas que ce programme assure aux Restos du coeur tous les ans, assure l'association.
Cette "pénurie annoncée" est une conséquence des efforts entrepris par l'Europe pour réduire la surproduction mais surtout de la suppression des "stocks d'intervention", prévue par la réforme de la PAC début 2005.
Les associations alertent aussi sur les conséquences de l'élargissement de l'Europe.
Le PEAD représente environ 200 millions d'euros. En France, 2,6 millions de personnes en bénéficient. Dans l'Europe des 15, il concerne 34 millions de personnes, mais dans l'Europe des 25, c'est 110 millions de pauvres qui devraient en bénéficier, selon les estimations du Secours populaire.
"Les besoins augmentent, mais aucune solution de rechange n'a été encore annoncée", a déclaré à l'AFP Jean-Louis Callens.
Les associations souhaitent que l'aide européenne aux démunis soit déconnectée de ces fameux "frigos européens" que constituent les surplus, pour devenir un véritable "plan social" de solidarité. |