BORDEAUX, 8 juin 2004 - Environ 300 viticulteurs, selon les organisateurs, 250 selon la police, se sont rassemblés mardi devant le Comité interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB) pour manifester leur inquiétude face à la crise des vins d'appellation.
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Alors que le prix du tonneau de vin en vrac ne cesse de baisser, les viticulteurs protestaient contre la hausse prévue des cotisations au CIVB, organisation qui assure la promotion du vin en France et dans le monde. "Prix en chute, cotisations pour rien", "CIVB= racket légalisé", proclamaient les banderoles déployées au pied du majestueux bâtiment situé au centre de Bordeaux.
Les manifestants qui ont organisé une dégustation gratuite dénonçaient l'inefficacité de la stratégie commerciale de l'organisation inter-professionnelle, qui consacre à la communication 23 millions d'euros par an. Tandis que les stocks d'invendus risquent d'atteindre 2 millions d'hectolitres en 2004, le prix du tonneau (900 litres) a chuté en dessous de 700 euros pour le vin en vrac, selon le CIVB. Si les Bordeaux résistent "relativement mieux" à la crise que d'autres régions de France, selon le CIVB, tous les indicateurs sont alarmants: sur les 12 derniers mois, les exportations de Bordeaux ont baissé de 9% en volume; en France, si les ventes en grande distribution restent stables en volume les prix ne cessent de baisser, avec plus 150 millions de bouteilles vendues à moins de 1,5 euros en 2003; enfin, au mois de mai, 55% de la production en vrac s'est vendue entre 750 et 850 euros le tonneau, seules 30% des ventes dépassant les 1.000 euros, seuil en dessous duquel les viticulteurs disent vendre à perte.
Dans ce contexte, un viticulteur sur cinq "se trouve dans le rouge" sur le plan financier, selon les manifestants réunis sans bannière syndicale. Une délégation a été reçue par des représentants du CIVB qui ont promis de geler la hausse des cotisations mais aussi d'ouvrir des discussions avec le négoce bordelais pour fixer un "prix-plancher" d'achat à 1.000 euros le tonneau.