"C'est un ultimatum, parce qu'en dessous de 1.000 euros, le prix n'est pas rémunérateur", a indiqué le président de la FDSEA, Denis Lurton, lors d'une rencontre avec la presse.
Or, actuellement, le prix en vrac des Bordeaux génériques - Bordeaux et Bordeaux supérieurs, soit la majorité de la récolte dans le Bordelais - est tombé à un prix plancher inférieur à 800 euros le tonneau (900 litres). En 1997 et 1998 - période d'euphorie et de spéculation -, le tonneau de Bordeaux rouge était monté jusqu'à 1.500 euros.
"Toutes les semaines, en ce moment, c'est 50 euros de moins le tonneau", a déploré Philippe Blanchet, secrétaire général de la FDSEA.
Les dirigeants des syndicats ont appelé les négociants à "faire un effort" sur les prix, alors que la filière viticole bordelaise traverse une période de crise, due notamment à une surproduction mondiale, la baisse des ventes de Bordeaux tant en France qu'à l'export et un contexte économique morose.
"Il s'agit d'un effort de solidarité", alors que "sur le terrain, certains viticulteurs connaissent de grandes difficultés", a expliqué le président des Jeunes agriculteurs, Nicolas Fauré-Roux.
Nombreux sont ceux qui pourraient se déclarer en faillite d'ici à la fin de l'année, voire "commettre des gestes désespérés" ou "avoir des réactions violentes" sur le terrain, selon M. Blanchet. L'"effort de solidarité" demandé aux négociants intervient alors que les deux organisations estiment que les viticulteurs devront eux-mêmes, "tôt ou tard", faire l'effort d'adapter leur production à la consommation. Dans le Bordelais, selon la FDSEA, le potentiel de production s'élève à quelque 7 millions d'hectolitres quand les ventes s'établissent à environ 5,6 millions d'hl.
Conséquences: ce syndicat parle de nouveau d'un arrachage, temporaire, volontaire et subventionné. Quant aux rendements, il faudrait aussi qu'ils soient revus à la baisse. A condition, pour les JA, que "tout le monde régule son offre, car toutes les appellations sont concernées". "Elles sont en difficulté ou le seront", affirme-t-on.
Le "coup de gueule" visant les négociants s'est doublé mercredi d'une requête auprès des grandes surfaces pour qu'elles aussi "jouent le jeu". Et qu'elles "payent le juste prix", alors que le gouvernement a prié les distributeurs de les baisser. Pour M. Lurton, "c'est ici que commence le commerce équitable".
Quant au Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux, la FDSEA et les JA lui réclament des "vraies actions de promotion", dans les grandes surfaces mais aussi et surtout à l'étranger. Aujourd'hui, "c'est à l'export que se situent nos marges de manoeuvre", soulignent les deux syndicats, alors que la consommation intérieure ne cesse de diminuer. |