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Fruits-légumes Le soutien du prix d'achat se prépare dans un flou

Sous la pression du ministre des Finances Nicolas Sarkozy et des syndicats agricoles, la distribution s'apprétait lundi à réviser les prix à l'achat des fruits et légumes en crise au-dessus d'un seuil minimum, le coût de revient moyen, malgré la fragilité juridique de ce système.

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Vendredi, les grands distributeurs ont accepté pour quatre secteurs (tomate, melon, pêche et nectarine) de respecter dans leurs négociations avec les fournisseurs un seuil minimum correspondant au coût de revient moyen, que le ministre a estimé à 1,20 euro le kilo (prix départ station) pour la pêche et la nectarine, 0,85 euro pour la tomate et 1,05 euro pièce pour le melon. Mais il ne peut s'agir que d'accords au cas par cas car les règles de concurrence européennes interdisent tout prix minimum, au plan régional ou national, a souligné auprès de l'AFP le président de la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD), Jérôme Bédier.

Les fédérations de producteurs de fruits et de légumes préparaient de leur côté lundi des contrats type avec des seuils minimums indicatifs par bassin de production, a expliqué à l'AFP la présidente de la Fédération nationale des producteurs de légumes, Angelique Delahaye. Les producteurs espèrent contourner l'obstacle juridique en négociant une quarantaine de contrats séparés, pour chacune des 5 grandes enseignes françaises et dans chacun des 8 bassins de production concernés. "Nous préparons des contrats régionaux type, mentionnant des seuils minimum en dessous desquels les prix ne devraient pas descendre", a-t-elle souligné. Chez Carrefour, on souligne que les grossistes et les coopératives, souvent tentés de casser les prix en proposant directement aux magasins des stocks bradés, doivent eux aussi respecter ce seuil.

Les producteurs français, qui vivent leurs plus grave crise depuis 10 ans, reprenaient espoir lundi. Optimiste, le MODEF (Confédération des exploitants familiaux) affirmait que "le prix minimum est mis en place par Bercy". Pourtant, Mme Delahaye craint des effets pervers: les grandes surfaces n'achèteront-elles pas davantage de fruits et légumes belges, allemands, hollandais ou polonais, non soumis au prix minimum ? Les consommateurs ne risquent-ils pas de se détourner des produits s'ils sont plus chers ?

Les producteurs de légumes ont ainsi demandé à M. Sarkozy d'encadrer plutôt les marges des grandes surfaces. Une telle mesure, que le ministre a demandé à la Commission Canivet d'examiner, semble juridiquement délicate. "Les autorités françaises de la concurrence sont globalement très inquiètes", a indiqué une source professionnelle. Les accords de prix minimum adoptés pour d'autres crises agricoles les années passées ont en effet été sévèrement sanctionnés par Bruxelles. Le ministre pourrait aussi fixer par décret des prix minimum, comme le permet la loi d'orientation agricole en cas de crise. Mais le ministère a laissé entendre lundi qu'il ne réinterviendrait pas immédiatement, visiblement pour laisser place aux accords entre acteurs -- privilégiés par le ministre des Finances.

Ce dispositif ne résout pas un problème de fond: les tomates polonaises sont proposées moitié moins cher qu'en France, transport compris, les choux fleur polonais et les salades belges 30% de moins. Ailleurs dans l'UE, comme en Allemagne ou en Grande-Bretagne, les distributeurs favorisent davantage la production locale, affirment les producteurs français.


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