Selon les premiers éléments de l'enquête, les deux inspecteurs étaient venus vérifier la régularité des contrats de travail des saisonniers chargés de ramasser les prunes dans cette exploitation, à Saussignac, un petit village au sud-ouest de Bergerac, a indiqué le vice-procureur de la République. Les inspecteurs se sont présentés vers 16H30 et ont demandé ses papiers à l'exploitant agricole, qui ramassait les fruits, a raconté à l'AFP le maire du village, Serge Mornac.
Ancien assureur de 57 ans, reconverti dans l'agriculture il y a quelques années, Gérard Dubiau, marié, père de deux enfants, a fait feu sur le premier inspecteur, un homme travaillant pour la Mutualité sociale agricole, selon le vice-procureur de la République. Cet inspecteur a été touché à l'abdomen et a été très grièvement blessé. Hospitalisé alors que ses jours étaient en danger, il est décédé au CHU de Bergerac, a-t-on appris de source proche de l'enquête.
Sa collègue, une femme d'une quarantaine d'années, était déjà décédée en milieu d'après-midi. Prenant peur après le premier coup de feu, elle avait tenté de prendre la fuite. L'agriculteur lui a tiré dans le dos et l'a tuée presque sur le coup. Les identités des victimes n'ont pas été révélées. Cette inspectrice travaillait pour l'ITEPSA, l'Inspection du travail, de l'emploi et de la politique sociale agricoles, un organisme dépendant du ministère de l'Agriculture.
"Gérard Dubiau est ensuite rentré dans sa maison. Il a pris une autre arme et a tiré sur lui-même, a raconté le maire de Saussignac. Les gendarmes l'ont trouvé blessé, à terre et l'ont sorti sur un brancard". Ses jours ne sont pas en danger, selon la gendarmerie. Transporté à l'hôpital, il a été placé sous surveillance de la gendarmerie et sera mis en garde à vue lors de sa sortie.
Selon Serge Mornac, l'agriculteur a eu récemment des difficultés avec sa propriété. Il voulait la vendre mais, au dernier moment, la vente ne s'est pas faite. "Tout cela s'ajoutant aux difficultés actuelles de la profession, il s'est retrouvé déprimé", a relaté M. Mornac. Immédiatement après le drame, le ministre de l'Agriculture, Hervé Gaymard, a fait part dans un communiqué de sa "très vive émotion" et a adressé "tous" ses "sentiments de compassion et de peine aux proches et aux familles des victimes".
Le secrétaire d'Etat à l'Aménagement du territoire, Frédéric de Saint Sernin, élu (UMP) de Dordogne, le ministre de l'Emploi, Jean-Louis Borloo, et le ministre délégué aux Relations du travail, Gérard Larcher, ont eux aussi fait part de leur grande émotion. "Le travail est un des piliers essentiels de la cohésion sociale. Il est l'une des valeurs fondamentales de notre République. Pour l'ensemble des agents de contrôle, l'application du droit du travail doit pouvoir s'exercer sans aucune restriction dans le cadre des lois de la République", ont écrit MM. Borloo et Larcher dans un communiqué commun. |