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Dordogne Deux inspecteurs du travail tués : consternation dans milieu social agricole

BERGERAC, 3 sept 2004 (AFP) - La consternation régnait vendredi dans le milieu social agricole, les partis politiques et les syndicats agricoles, au lendemain du décès de deux inspecteurs du travail, tués à coups de fusil par un agriculteur alors qu'ils venaient contrôler des contrats de travail de saisonniers.

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"Nous sommes tous bouleversés", indiquaient des employés de la Direction générale de l'agriculture de Périgueux, pour laquelle travaillait Sylvie Trémouille, tuée jeudi quasiment sur le coup.

"On est anéantis", témoignait de son côté Danielle Mata, une des contrôleuses de la Mutualité sociale agricole (MSA), où Daniel Buffière, mort jeudi soir à l'hôpital de Bergerac, était rentré en 1976. "Pour nous, c'est un meurtre, c'est donc inqualifiable. On a l'habitude de gérer des situations difficiles, mais pas de la folie. Et là, c'est de la folie", indiquait Mme Mata.

Les deux inspecteurs s'étaient rendus dans l'exploitation de Claude Duviau, à Saussignac, près de Bergerac, afin de vérifier les contrats des saisonniers chargés du ramassage des prunes. Un contrôle a priori de routine, qui a tourné au drame quand l'exploitant a tiré sur les inspecteurs, avant de tenter de mettre fin à ses jours. L'autopsie des deux victimes devrait avoir lieu samedi.

A la MSA, où une cellule psychologique a été mise en place, les activités à l'extérieur ont été suspendues vendredi, toutes les personnes amenées à y participer étant "en état de choc", a expliqué le directeur de la caisse, Alain Cournil. "Nous referons le point lundi".

Les contrôles reprendront, car, "de par la loi, on est obligés de s'assurer que tous ceux qui doivent cotiser cotisent", a souligné M. Cournil. "Ce qui nous est imparti, on devra continuer à le faire".

Même si les contrôleurs peuvent ressentir une certaine appréhension. "Le monde rural est en pleine mutation. Il y a des gens en difficulté, en détresse, soulignait M. Cournil. Heureusement, tous ceux qui sont en détresse ne sont pas agressifs".

L'exploitant était toujours hospitalisé vendredi, à Bordeaux. Agé de 57 ans, il a tenté de mettre fin à ses jours en se tirant une balle dans le visage. Atteint à la mâchoire inférieure, il a été opéré à deux reprises au CHU de Bordeaux. Ses jours ne sont pas en danger.\n En raison de son état, il ne devrait pouvoir être entendu qu'au début de la semaine prochaine, selon le parquet de Bergerac qui ouvrira samedi une information judiciaire du chef "d'homicides volontaires sur personnes chargées d'une mission de service public".

Outre la présidente de la MSA, Jeannette Gros, qui a "exprimé sa peine", le monde agricole, mais aussi des syndicats ou partis politiques, ont réagi vendredi. Ainsi, la FNSEA estime que "rien ne peut justifier un tel acte". Elle appelle toutefois "l'attention de tous sur les conditions de vie de plus en plus difficiles de nombreux exploitants".

La CFDT et le PS ont exprimé leur émotion, Force Ouvrière estimant que "fonctionnaires ou non, tous les agents dépositaires de la chose publique ont droit au respect et à la sécurité dans l'exercice de leurs fonctions".

Le syndicat SNU-tef (travail, emploi, formation), souhaite la fermeture des services des ministères du Travail, de l'Agriculture et des Transports le jour des obsèques.

Quant à la Coordination rurale, elle a pointé le "désespoir des paysans spoliés". "Le drame qui vient de se dérouler en Dordogne démontre, hélas, l'ampleur du désespoir des paysans spoliés de leurs droits fondamentaux et soumis à des contraintes inacceptables", écrit la CR dans un communiqué.


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