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Tabac La Manufacture de Morlaix ferme ses portes sur 300 ans d'histoire

MORLAIX (Finistère), 9 sept 2004 - Les trente-sept derniers salariés de la Manufacture des tabacs de Morlaix (Altadis) ont quitté définitivement leur usine jeudi, abandonnant la fabrication des cigares à l'autre usine du groupe à Strasbourg et mettant un terme à près de trois cents ans d'histoire.

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Si en 2004 la Manufacture ne dispose plus que d'un atelier-relais de sous-traitance de tabac à Morlaix, elle a été au XVIIIe et XIXe siècle un fleuron de l'industrie en Bretagne, employant jusqu'à 1.800 salariés après la première guerre mondiale. La fabrication du tabac à Morlaix remonte à la fin du XVIIe siècle, avec la présence d'ateliers pour le filage du tabac en corde dans le centre-ville entre 1676 et 1690. Mais c'est avec la construction d'un nouvel établissement, sur le quai de Léon, au bord de la rivière de Morlaix, que la production de tabac a pris son essor.

Construit entre 1736 et 1740 par Jean-François Blondel (1683-1756), architecte de l'Académie royale d'architecture, l'établissement reste aujourd'hui le site le plus ancien conservé en état. Au cours du XVIIIe siècle, la Manufacture emploie jusque 900 personnes, et résiste à la libéralisation de la fabrication du tabac décidée à la Révolution. En 1811, lors que Napoléon 1er fait rétablir le monopole du tabac, la Manufacture, devenue manufacture impériale, a plus de 1.000 employés.

Au cours de son histoire, la Manufacture a employé des générations entières de Morlaisiens. Après la première guerre mondiale, l'entreprise a ainsi compté jusqu'à 1.800 salariés. L'usine a produit toutes les variétés de tabacs commercialisées en France : poudre (tabac à priser), rôles et carottes (tabac à mâcher), scaferlati, cigares, cigarillos et cigarettes.

Jusqu'aux années 1860, la plupart des opérations s'effectuent manuellement, comme la poudre de tabac, qui s'obtient au moyen de moulins rudimentaires constitués de pilons et d'un mortier. Entre 1867 et 1872, des installations de force motrice à la vapeur, la construction de nouveaux ateliers et la salle de râpage mécanisée de la poudre, font leur apparition. En 1951, 650 ouvriers travaillent encore à la Manu, et 488 en 1984. En 1987, un plan social supprime 120 emplois, suivi d'un autre dans les années 1990, qui entraîne 180 autres suppressions.

Les 220 salariés restant en 1993 sont confrontés à des baisses de charge régulières et des périodes de chômage partiel. En octobre 1995, quelques mois après la privatisation de la Seita (Société d'exploitation industrielle des tabacs et allumettes), un violent incendie détruit une partie de l'établissement, où travaillent encore 180 salariés. Le bâtiment est toutefois restauré et inauguré en 1998.

La même année, la Seita annonce en novembre la fermeture du site après avoir décidé de regrouper son activité à Strasbourg. Cette décision provoque la colère des Morlaisiens et des élus locaux, qui manifestent à plusieurs reprises dans les rues. En 2001, les murs sont rachetés par la chambre de commerce et d'industrie de Morlaix et classés Monuments historiques. Un musée du tabac pourrait voir le jour dans une partie du bâtiment, d'une surface de 30.000 m2. La Manufacture a en effet conseervé un nombre important d'outils industriels.


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