Un des objectifs est d'endiguer l'obésité, phénomène qui devient préoccupant en France. Numéro 4 en France de la restauration scolaire, le groupe Sogeres (Sodexho Alliance), qui sert 120 000 repas par jour dans 800 cantines en France, a entamé depuis quelques années une démarche éducative, ont expliqué ses dirigeants lors d'un colloque organisé par le groupe. La Sogeres propose déjà des menus contenant "moins de produits riches en matière grasse, plus de fer, calcium et vitamines, plus de viandes de première catégorie, moins de poissons panés". En outre, le moment du repas pour l'enfant doit être "un moment de plaisir, de santé, mais également de découverte et d'apprentissage du goût", a souligné Florence Honoré, directeur du développement des collectivités publiques.
Pour 2004, la Sogeres a mis en place un programme invitant les enfants à jouer "au dégustateur averti" avec diverses animations ludiques autour de l'assiette: "tables de la découverte" (présentation des produits, explication de leurs qualités, recettes) ou encore "village de la découverte", sorte de calendrier de l'Avent révélant au fil des saisons un produit vedette (potiron, châtaigne) que les enfants retrouveront dans leur assiette cuisiné de diverses façons. Des "repas pédagogiques", avec explication de tout le menu aux enfants par les responsables des cuisines - recettes, origine des produits - ont aussi été organisés. "Les retombées de cette expérience sont encourageantes", a estimé Nathalie Poitzer, ingénieur agronome, spécialiste des sciences de l'aliment et de l'évaluation sensorielle. "Nous constatons au travers des questionnaires que les enfants se prêtent beaucoup plus volontiers à goûter les aliments et que leur répertoire alimentaire s'est élargi", a-t-elle observé. L'enfant ne mange plus "de la viande" mais une "blanquette de veau" ou un "boeuf bourguignon". Il connaît le nombre de calories, les vitamines contenues dans les produits.
Si la France est loin des records d'obésité enregistrés aux Etats-Unis, où un Américain sur trois est touché, la tendance est inquiétante: en 20 ans l'obésité infantile a augmenté de 17% et un enfant sur dix est obèse à l'âge de dix ans, selon un rapport parlementaire publié au printemps. "Si l'augmentation de l'obésité infantile est bien une réalité, ce n'est pas une fatalité", a dit le professeur Marc Fantino, médecin et docteur en Sciences au CHU de Dijon. "Tous les acteurs doivent se mobiliser pour des actions collectives et individuelles qui devront porter sur la qualité nutritionnelle des aliments proposés mais aussi sur leurs aspects sensoriels et surtout sur l'environnement et l'éducation", a-t-il estimé. M. Fantino a insisté sur la nécessité pour les parents, mais aussi les médias, les écoles, l'industrie alimentaire ou la restauration collective de conjuguer leurs efforts pour enrayer ce phénomène. |