Bretagne
Ouverture de deux informations judiciaires après des actions de légumiers
par AFPil y a 21 ans3 min de lecture
Deux informations judiciaires ont été ouvertes jeudi contre deux agriculteurs des Côtes-d'Armor interpellés après les manifestations des derniers jours, alors que la tension reste vive chez les producteurs de légumes de la région, frappés par la surproduction.
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Le procureur de la République à Guingamp, Stéphane Chassard, a indiqué à l'AFP qu'il allait requérir la mise en examen et le placement en détention provisoire des deux agriculteurs placés en garde à vue mercredi dans les locaux du SRPJ (service régional de police judiciaire) de Rennes.
Les deux hommes devaient être présentés dans l'après-midi à un juge d'instruction du tribunal de grande instance de Guingamp, entouré d'un important dispositif policier pour prévenir tout débordement, a constaté l'AFP.
L'un des deux agriculteurs est le président de la coopérative Bro Dreger de Camlez (Côtes d'Armor), où ont été séquestrés deux gendarmes pendant quelques heures mercredi par des légumiers en colère qui protestaient contre l'arrestation un peu auparavant d'un des leurs.
Interpellé mercredi soir avec un autre agriculteur relâché un peu plus tard, il est poursuivi pour "arrestation, enlèvement et séquestration ou détention par des personnes suivie d'une libération avant le septième jour", faits relevant du tribunal correctionnel.
La seconde information judiciaire vise l'agriculteur dont l'interpellation mercredi matin avait provoqué la colère des légumiers, pour "entrave à la circulation sur une voie publique, violence volontaire sur un fonctionnaire de police avec préméditation, port d'arme et dégradation volontaire d'un objet d'utilité publique".
Ce producteur de légumes avait été placé en garde à vue après qu'une voiture de police avait été sérieusement endommagée à coups de barre de fer par un groupe de manifestants masqués dimanche dernier à Pommerit-Jaudy, au nord de Guingamp.
Les producteurs de légumes bretons, qui protestent contre l'effondrement des cours du chou-fleur, lié notamment à la concurrence des pays d'Europe de l'est, ont mené une série d'actions violentes depuis la semaine dernière pour obtenir une intervention de l'Etat.
Les légumiers s'en sont notamment pris à trois centres des impôts à Lannion (Côtes-d'Armor), Morlaix (Finistère) et Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) vendredi. Ces saccages ont fait l'objet de trois informations judiciaires.
Un chauffeur de car transportant des manifestants a par ailleurs été condamné mardi à Morlaix à trois mois de prison avec sursis pour avoir bloqué une voiture de police avec son véhicule.\n Les producteurs de légumes de la région ne prévoyaient pas de nouvelles actions jeudi. "On va jouer l'apaisement", a déclaré à l'AFP Loïc Conan, un responsable des Jeunes agriculteurs.
Mais ils disent toujours attendre de Paris des propositions "dignes de ce nom". Le ministère de l'Agriculture leur avait simplement promis vendredi de convaincre la Commission européenne d'accepter la mise en place du système de régulation du marché qu'elle a refusé en octobre.
"Les pouvoirs publics n'ont pas encore mesuré l'importance du malaise", déplorait mercredi un agriculteurs ayant participé à la séquestration des gendarmes.