Cameraria Un nouveau ravageur des marronniers en France
Depuis quelques années il est fréquent d'observer en France dès le mois de juin le brunissement des feuilles des marronniers puis en juillet, leur chute prématurée. Ces dégâts sont dus à une mineuse : Cameraria ohridella. C'est un petit papillon dont les chenilles dévorent l'intérieur des feuilles pendant l’été. Son origine est inconnue. Depuis sa découverte en Macédoine il y a une vingtaine d’années, il a colonisé progressivement l'Europe Centrale et Occidentale. Il a été récemment observé en Angleterre (2002), en Espagne (2002) et au Danemark (2003). En France, il a été signalé à la frontière Allemande en 1998 et il a été observé dans plusieurs départements de l'est ainsi que ponctuellement en région Ile-de-France en 2000. Sa dispersion est très rapide : en 2003, il était présent dans de très nombreux départements français. Dans le cadre du contrat européen Controcam(1), « Lutte contre Cameraria », les chercheurs de l’Inra d'Orléans(2) développent principalement des études sur l'épid
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La mineuse du marronnier a progressé rapidement depuis son signalement dans l’est de la France. Elle a été observée à Paris et en Ile de France en 2001. Les fronts de dispersion des différents foyers se sont rejoints en 2002, et l’insecte a continué sa colonisation vers l’ouest. Sa progression est très rapide puisqu’en 2003 elle était présente dans presque tous les départements français, exceptés ceux du sud ouest du Massif Central, de la partie occidentale de la Bretagne, et l’extrême sud ouest.
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Les études menées pendant 4 ans à l’échelle nationale ont montré que la dispersion était rapide et en relation avec les densités de population humaine. A l’échelle régionale, les estimations ont été obtenues sur 3 années par capture des mâles avec des pièges à phéromones et par observation visuelle des dégâts. Elles ont confirmé que la dispersion de Cameraria se faisait par plusieurs voies : naturelle à faible distance et anthropique à plus longue distance. La proximité d’une voie de communication (autoroutière, fluviale, ou ferroviaire) et un nombre important de marronniers sont des facteurs propices à l’installation de la mineuse. L’influence de la présence des feuilles au sol durant la période hivernale sur la croissance des populations a également été confirmée, c’est pourquoi il est fortement recommandé d’éliminer totalement en hiver les feuilles mortes qui abritent les chrysalides afin de limiter les dégâts l’année suivante.
Dans le cadre du projet Européen Controcam1, des chercheurs de 7 autres pays étudient les effets des attaques de la mineuse sur les marronniers d’Inde et participent au développement de méthodes de lutte respectueuses de l’environnement.
Les recherches sur la physiologie du marronnier d'Inde ont montré que les arbres fortement attaqués produisent des graines et des fruits plus petits, ce qui peut affecter la croissance et la survie des jeunes plants, mais les réserves en eau et la photosynthèse sont suffisantes pour ne pas réduire la croissance des arbres adultes. L’analyse du spectre d’hôtes de Cameraria a permis d’établir que le marronnier à fleur blanche est très nettement préféré par l’insecte mais d’autres espèces de marronnier ainsi que certains érables permettent son développement. Les phéromones utilisées par les femelles pour attirer les mâles ont été identifiées et synthétisées. Elles sont utilisables pour piéger les mâles et suivre la dynamique des populations, mais les essais réalisés ont révélé qu’elles n’étaient pas efficaces pour mener une lutte à grande échelle. Enfin, les études réalisées au niveau européen n'ont pas permis de trouver d'ennemis naturels de Cameraria capables de contrer son développement. Les recherches se poursuivent pour identifier l’aire géographique d’origine de la mineuse afin d’y trouver des parasites efficients.
(© Inra / S. Augustin ) |
La biologie de la mineuse Cameraria : L'hôte préféré de Cameraria ohridella est le marronnier d'Inde, Aesculus hippocastanum, mais d'autres espèces de marronniers et même l'érable sycomore, Acer pseudoplatanus, et l’érable plane Acer platanoides peuvent présenter de faibles attaques. Au printemps, les adultes sont facilement observables sur les troncs où ils se retrouvent pour l'accouplement après émergence des feuilles restées au sol. Les femelles attirent les mâles en émettant une phéromone, et peu de temps après la fécondation, elles pondent plusieurs dizaines d’œufs minuscules à la surface supérieure des feuilles. Les œufs éclosent après un délai variant de 1 à 3 semaines et les jeunes chenilles s'enfoncent dès l'éclosion à l'intérieur de la feuille dont elles dévorent le parenchyme supérieur. A la fin du développement larvaire, la nymphose se produit le plus souvent dans un petit cocon blanc à l'intérieur de la mine. La chrysalide perce ensuite la paroi du cocon et l'épiderme de la feuille, permettant ainsi la libération du papillon. A chaque génération un nombre croissant de chrysalides entrent en diapause. L’insecte passe l’hiver à l’état de chrysalide dans les feuilles tombées au sol et émerge au printemps suivant. Cameraria ohridella a généralement 3 générations par an en France. Les facteurs de mortalité les plus importants sont la compétition pour se nourrir dans les feuilles au cours de la saison et la mortalité hivernale. Les mortalités liées au parasitisme sont faibles car les parasites de C. ohridella sont généralistes et n’exercent qu’une faible pression de sélection sur les populations.
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