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Truffes Un marché national dans les couloirs d'une abbaye

PONT-A-MOUSSON, 5 février 2004 - Une cohue à l'affût de nourritures bien terrestres a joué des coudes dans les couloirs de l'Abbaye des Prémontrés à Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle) jeudi où se tenait la deuxième fête nationale de la truffe.

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Toques sur la tête, oriflammes brandis et capes brodées sur les épaules, les dix confréries des truffes de France ont défilé dans un folklore sympathique alors que le coup d'envoi du marché était donné à 10H00 tapantes et pour 60 minutes seulement, comme le veut la règle. Un parfum caractéristique s'échappait des tréteaux où les paniers ont exposé les "diamants noirs" brossés venus du Sud-Ouest bien sûr, mais aussi du Vaucluse, de Bourgogne, des Alpes et même de Lorraine.

Après une première édition dans le village corrézien de Chartier-Ferrière, la fête s'est tenue cette année en Lorraine à l'instigation de Jacky Haim, restaurateur à Houdelaincourt (Meuse) qui se bat "pour faire reconnaître la truffe de Lorraine". Car il existe pas moins de 32 espèces de truffes : on trouvait jeudi à Pont-à-Mousson de la "tuber melanosporum", la truffe dite "noble", celle du Périgord mais aussi de la "tuber incinatum", celle de Bourgogne, de Champagne et de Lorraine et de la "tuber mesentericum", au violent parfum, qu'on trouve en Meuse. La première était mise à prix à 1,50 euro le gramme (1.500 euros le kilo), les deux autres valaient 0,65 centimes d'euro le gramme.

Pour 60 euros, Marie-Madeleine, venue de Metz en connaisseuse, a acquis deux truffes grosses comme une noix, qu'elle comptait râper sur des pâtes. Un couple passionné venu d'Epinal (Vosges) s'est contenté d'un diamant noir de 20 euros qu'il allait déguster sur "des toasts avec un peu de sel et d'huile d'olive".

La sécheresse de 2003 a fait flamber les cours et a réduit la production comme une peau de chagrin. "Les prix ont quasiment doublé", a expliqué Marthe Herbert, grand maître de la Confrérie du Diamant Noir de Riverenches, dans le Vaucluse où se tient chaque samedi de novembre à mars un marché de la truffe. "On n'y vend cette année que 250 kg de truffes contre une tonne les autres années".

A la truffière de Saint Rémy-la-Calonne, au sud de Verdun (Meuse), Michel Gazandat, producteur, n'a ramassé cette année que quatre kilos de truffes, contre trente kilos d'ordinaire, pour trois hectares et demi de noisetiers mycorhizés, c'est-à-dire ensemencés. "On ne maîtrise pas la culture des truffes", prétend ce retraité qui a attendu 14 ans pour que le diamant noir pointe au pied de ses arbres.

Alors qu'était attendu dans l'après-midi le ministre de la Culture, Jean-Jacques Aillagon, candidat aux élections régionales en Lorraine et intronisé au premier grade de "grand renifleur" de sa confrérie, conférences et débats se promettaient d'être animés entre confréries. "La truffe lorraine, ils ne la connaissent pas. C'est pourtant la plus ancienne. On en trouve en Meuse depuis le 18ème !", assénait un membre de la confrérie lorraine. "Je suis là pour défendre la truffe noble, la melanosporum", rétorquait le grand maître d'une confrérie du sud-est.


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