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Bretagne Le chou-fleur souffre de la douceur du climat

La récente douceur printanière a entraîné une surabondance de chou-fleur en Bretagne, premier producteur de l'Hexagone, poussant les agriculteurs à détruire par centaines de milliers ce produit dont la consommation chute quand grimpe la température.

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Des producteurs du Finistère et des Côtes-d'Armor ont déversé ces derniers jours des dizaines de remorques de choux-fleurs sur la chaussée afin d'alerter les pouvoirs publics sur la crise de surproduction de ce légume d'hiver très sensible aux variations climatiques : s'il pâtit du gel et de la chaleur, il mûrit rapidement en temps de redoux.

La Bretagne produit normalement 60 millions de têtes de choux-fleurs en automne, période allant jusqu'à fin décembre, et 125 millions entre début janvier et fin juin, a expliqué à l'AFP Yvon Auffret, directeur du comité économique fruits et légumes de Bretagne basé à Morlaix (Finistère). En raison de la canicule estivale, une partie de la production de l'automne (environ 10 millions de têtes) n'est arrivée sur le marché qu'en janvier alors que le radoucissement des températures a accéléré le mûrissement de la récolte d'hiver.

Résultat : le marché enregistre une arrivée précoce de plusieurs variétés alors que les exportations sont freinées par des productions abondantes dans les autres pays européens, comme la Grèce. En outre, le chou-fleur est un produit apprécié des consommateurs surtout pendant les périodes de grand froid. Selon les professionnels, une hausse de la température a un impact immédiat sur le ventes.

Les circuits de transformation ont part été débordés, de même que les capacités de stockage des supermarchés. "Les capacités d'absorption ne sont pas extensibles. On ne peut pas changer du jour au lendemain le rythme des usines. En même temps, les rayons des supermarchés ne sont pas extensibles. On est dans une économie rigide", explique M. Auffret.

Tout cela a produit, dit-il, un "télescopage" des productions d'automne et d'hiver qui s'est traduit par un effondrement des cours. Depuis le 1er janvier, les légumiers ont récolté 46 millions de choux-fleurs d'hiver. Dix millions n'ont pas pu être écoulés sur les marchés au cadran de Saint-Pol-de-Léon, Saint-Méloir-des-Ondes et Paimpol, dans les Côtes-d'Armor.

La tête de chou-fleur est payée actuellement 12 à 15 centimes au producteur, "alors qu'en dessous de 30 centimes on perd de l'argent", a précisé Hervé Conan, un des responsables FDSEA Finistère de la filière légumes. En raison de ce surplus, les 2.500 producteurs bretons qui réalisent 80% de la production française, détruisent quotidiennement plusieurs centaines de milliers de choux-fleurs.

"Nous voulons alerter les pouvoirs publics, leur montrer l'ampleur de la crise, et leur demander une aide", selon Hervé Conan. "Les producteurs estiment que l'on ne tient pas compte de la spécificité des fruits et légumes et souhaitent donc qu'on leur donne un peu plus de moyens. Certes, il y a des aides structurelles comme celles concernant la rénovation des vergers. Mais les producteurs souhaitent que l'on rétablisse les aides conjoncturelles", a expliqué de son côté M. Auffret.


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