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Pays du Sud L'agriculture entraînée par l'urbanisation

PARIS, 4 mars 2004 - Il y a désormais dans le monde plus de citadins que de ruraux et si, dans les pays du Sud, cette ruée vers la ville semblait annoncer la fin de l'agriculture, il n'en est rien, selon des experts français du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad).

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Au contraire, dans ces pays, l'agriculture est entraînée par l'urbanisation, relèvent-ils. Le Cirad a décidé de faire de l'alimentation des villes du Sud le thème de sa participation au Salon international de l'agriculture, qui se tient actuellement à Paris, afin de passer "quelques messages importants et de contrebalancer des images pessimistes", résume le socio-économiste Nicolas Bricas, du centre du Cirad à Montpellier, interrogé par l'AFP.

"Il faut expliquer que les pays du Sud ne sont pas forcément des pays affamés, ajoute-t-il, car la famine n'y est pas structurelle mais accidentelle, que l'urbanisation y a été extrêmement rapide et a demandé à l'agriculture de connaître, en vingt ans, un développement qui a demandé deux à trois siècles en Europe. Elle a fait peur aux économistes, on a craint la destruction des structures sociales."

A voir les statistiques, il y avait effectivement de quoi s'interroger. Avec un taux de croissance annuelle de 5 à 7%, les populations des villes doublaient en quinze ans. Une ville comme Dakar (Sénégal), qui comptait moins d'un million d'habitants en 1976, a dépassé les deux millions dans les années 90 pour atteindre, selon les projections, cinq millions en 2020. Mais en général, selon les experts, la plus grande vitesse d'urbanisation est déjà passée.

"Le bilan d'aujourd'hui ne donne plus une image pessimiste, assure M. Bricas. La ville a entraîné l'agriculture, diversifié et créé des emplois, offert du travail, notamment à des millions de femmes, en matière de transformation de produits locaux (manioc, céréales, huile de palme...)." L'approvisionnement des villes d'Afrique en produits alimentaires frais représente un débouché croissant de proximité, qui diversifie et augmente leurs revenus. Cet approvisionnement est partiellement assuré par l'agriculture périurbaine, comme il en existe à Yaoundé (Cameroun), Dakar ou Cotonou (Bénin), mais aussi en Asie du Sud-Est, comme à Hanoï (Vietnam).

En même temps, une multitude de petites entreprises mécanisées se sont développées, par exemple dans le sud du Cameroun, pour proposer des aliments prêts à l'emploi, qui présentent des garanties de qualité et sont vendus dans les mêmes magasins que les produits industriels. Ces produits se situent à mi-chemin entre les produits industriels, généralement importés, et les produits d'origine locale vendus sur les marchés, qui pâtissent souvent d'une qualité sanitaire insuffisante.

Par ailleurs, tout comme dans le Nord industrialisé, des cas de malnutrition par carence et par excès sont connus dans les villes du Sud, avec l'obésité, le diabète acquis et les maladies cardio-vasculaires. L'urbanisation lance de nouveaux défis à la recherche autour de la question alimentaire qui concerne aussi bien les sociétés du Nord que celles du Sud", selon M. Bricas. "Le Sud peut réfléchir avec nous sur la mise en place de systèmes alimentaires durables, sur la valorisation des produits locaux et dans un souci d'accompagnement des innovations", ajoute-t-il.


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