La FNSEA (Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles) a d'ores et déjà fait ses comptes. "Si la situation actuelle perdurait sur douze mois consécutifs, la facture pour l'agriculture française pourrait s'élever au moins à 400 millions d'euros, soit une perte de revenu de 2,8%", selon l'étude qu'il a effectuée.
"En dépit des réticences administratives, la FNSEA réclame le retour à la TIPP (taxe intérieure sur les produits pétroliers) flottante", a déclaré à l'AFP Jean-Michel Lemétayer. Ce mécanisme, instauré en 2001 par le gouvernement Jospin pour compenser à la pompe les hausses brutales du prix du pétrole, a été supprimé en 2002 par le gouvernement Raffarin. De nombreux secteurs de l'agriculture ne sont pas touchés immédiatement par la hausse des prix du pétrole, mais le retour de l'hiver changera la donne.
Dans le domaine de l'aviculture, les poulaillers sont chauffés essentiellement au gaz. "Il existe une très forte corrélation entre le prix du pétrole et celui du gaz, et nous craignons une hausse très prochaine du prix du gaz", a indiqué Christian Marinov, directeur de la Confédération de l'aviculture française (CFA).
Les maraîchers et horticulteurs qui cultivent sous serre sont particulièrement concernés et appréhendent l'arrivée de l'automne. "En serre, la main d'oeuvre et l'énergie constituent les deux principales charges", a expliqué à l'AFP Philippe Daré, administrateur à la Fédération nationale des producteurs de légumes (FNPL), responsable de la section "Serres". Il évalue entre 25 et 30% la part de l'énergie dans le coût de production. Les serres sont généralement chauffées au gaz. Et sur 5,7 milliards de kilowatt/heure de gaz consommés dans l'agriculture française, 4,3 mds le sont par les serres. "Actuellement, nous payons le tarif qui a été fixé le 1er mai", a précisé M. Daré. "Mais, le 1er novembre, le prix du gaz va être réindexé selon le cours du baril de pétrole des six derniers mois et nous redoutons le pire", a-t-il confié.
Les producteurs de légumes devraient rencontrer le ministre de l'Agriculture le 9 septembre pour évoquer ce sujet et entendent faire pression pour éviter une hausse, a révélé M. Daré. Les exploitations céréalières, grandes consommatrices de fuel, tant pour les machines que pour les produits utilisés à base de pétrole, affichent elles aussi leur inquiétude. "Nous dépensons 150 litres par hectare et par an", a estimé Henri de Benoist, président de l'association générale des producteurs de blé. "Une augmentation de 30 à 40% d'une année sur l'autre du prix du pétrole entraîne de fortes hausses de coûts de production", a-t-il poursuivi.
Seul facteur positif pour M. de Benoist, le prix élevé de l'or noir rend "pratiquement rentable les biocarburants" dont les prix deviennent quasiment équivalents. "Cela pourrait favoriser progressivement l'émergence d'une filière de biocarburant", a-t-il dit. Selon la FNSEA, dans les comptes de l'agriculture française de 2003, le coût global des combustibles et carburants représente 1,46 milliard d'euros pour un revenu agricole global de la ferme France de 14,2 mds. Le syndicat agricole estime ainsi qu'une augmentation moyenne sur l'année de 10% du prix du fioul provoque une baisse de 0,7% environ du revenu agricole global. |