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OMC L'Union européenne n'est plus en position d'accusée sur le dossier agricole

BRUXELLES, 26 juil 2004 - En dépit des critiques françaises, la Commission européenne estime que sa stratégie de négociation à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) a placé l'Union européenne en bien meilleure position avant la réunion décisive qui s'ouvre mardi à Genève pour l'avenir du cycle de Doha.

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En faisant une offre conditionnelle de suppression des subventions européennes aux exportations agricoles, qui sont un véritable chiffon rouge pour les pays en développement, les négociateurs européens ont mis la balle dans le camp des Etats-Unis, dont les propres soutiens sont désormais en ligne de mire, et ne pourraient plus être accusés de porter la responsabilité d'un éventuel nouvel échec, estimait-on de source communautaire. La réunion du Conseil général de l'OMC apparaît comme la dernière chance de relancer les négociations commerciales multilatérales, suspendues depuis le fiasco de la conférence ministérielle de Cancun (Mexique) en septembre 2003, avant "la glaciation" imposée par l'élection présidentielle américaine du 2 novembre prochain et la mise en place à Bruxelles d'une nouvelle Commission. Une pause qui pourrait durer de longs mois, voire des années, a averti le directeur général de l'OMC Supachai Panitchpakdi.

C'est bien pourquoi la Commission européenne a salué comme "une base pour un travail plus approfondi" le nouveau projet de compromis présenté mi-juillet par le président du Conseil général de l'OMC, l'ambassadeur japonais Shotaro Oshima. Dans une lettre adressée jeudi soir au Premier ministre français Jean-Pierre Raffarin, le président de la Commission Romano Prodi admet que le document Oshima appelle des "précisions et clarifications importantes" mais il ne se situe pas dans la démarche de rejet global que semble souhaiter Paris.

De source communautaire, on souligne d'ailleurs que le document Oshima représente une avancée notable par rapport au précédent texte agricole rédigé, avant Cancun, par Stuart Harbinson, ambassadeur de Hong Kong. Il retient par exemple la notion de "produits sensibles" pour les pays développés (dont l'UE) en matière d'accès au marché et reprend l'exigence de Bruxelles d'un traitement équivalent des subventions à l'exportation (essentiellement européennes) et des autres mécanismes (surtout américains) de soutien externe, y compris l'aide alimentaire.

En répondant aux "plus vives préoccupations" manifestées par M. Raffarin à la demande insistante du puissant lobby agricole français, M. Prodi a estimé en outre que la France se trompe sur le calendrier de la négociation à l'OMC, en confondant la définition du cadre de négociations, objectif de la réunion de Genève, et leur résultat final, qui dépendra de l'équilibre des concessions réciproques au terme du cycle. Le problème interne posé aux Européens par la sensibilité agricole des autorités françaises et surtout du président Jacques Chirac est au demeurant un classique bruxellois, puisqu'il s'était déjà manifesté lors du p\nrécédent round, celui de l'Uruguay.

Pour confirmer une nouvelle fois le mandat des négociateurs européens, le commissaire pour le Commerce Pascal Lamy et son collègue de l'Agriculture Franz Fischler, la présidence néerlandaise de l'UE a convoqué lundi un conseil des affaires générales en grande partie consacré au dossier OMC. La Haye souhaite "aider à conclure ce cycle" et rappelle que "l'avancement de la libéralisation (des échanges) apporte des bénéfices économiques réels à l'UE", a indiqué la présidence.


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