Login

Santé publique Haro général sur le tabagisme passif

Il y a cinquante ans, alors que 80 % des hommes fumaient, un épidémiologiste britannique, Richard Doll, établissait scientifiquement pour la première fois un lien entre tabagisme et cancer du poumon.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Dans les décennies qui ont suivi, les gouvernements ont été de plus en plus nombreux dans le monde à mener des campagnes anti-tabac, multipliant les avertissements et les restrictions sur les conditions de vente. Cinquante ans après cette étude qui a fait date, la question du droit de fumer est posée : depuis le début de l'année, les légilations destinées à endiguer le tabagisme passif ont proliféré, restreignant chaque jour un peu plus l'espace où il est possible de griller une cigarette. Une dizaine de pays ont pris ou annoncé des mesures pour interdire de fumer dans les lieux publics, notamment dans les restaurants, bar et clubs.

D'autres pays s'apprêtent à prendre le même chemin l'an prochain. "Nous trouvons tout cela très encourageant", relève Carmen Auderalotez, expert auprès de la campagne antitabac de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). "Ces lois constituent la suite des restrictions décidées pour le tabagisme sur les lieux de travail, qui ont constitué la première mesure décisive", ajoute-t-elle.

La Californie a tiré la première en 1998, mais aujourd'hui, l'Europe emboite le pas. Le 29 mars, l'Irlande est devenue le premier pays au monde à interdire la cigarette, non seulement dans les pubs et les lieux de restauration, mais aussi jusque dans les véhicules de société. La Norvège a suivi l'exemple, tandis que la Suède, la Grande-Bretagne et le Portugal ont annoncé leur intention d'adopter des législations comparables. Selon l'expert de l'OMS, d'autres états américains et plusieurs pays d'Afrique devraient suivre en 2005.

En Asie en revanche, les anti-tabac ont encore du chemin à faire et les restrictions sont encore peu nombreuses, comparables à ce qu'elles étaient en Europe il a une quinzaine d'années. Selon la Banque mondiale, sur 1,1 milliard de fumeurs dans le monde, 43 % vivent dans la région Asie-Pacifique. En tête la Chine, qui compte 320 millions d'inconditionnels de la cigarette, dont plus d'un homme sur deux, et où les perspectives de limitation du tabagisme dans les lieux publics sont extrêmement lointaines. "Le tabac est susceptible de tuer en Chine 50 millions de personnes qui sont aujourd'hui dans l'enfance ou l'adolescence", selon le Centre de contrôle des maladies (CDC) des Etats-Unis.

En Inde, qui compte 240 millions de fumeurs, le tabac est interdit dans les lieux publics depuis mai, mais la législation n'est guère appliquée, déplorent les responsables des campagnes contre la tabagisme.

Exception notable dans ce nuage de fumée asiatique : le minuscule état himalayen du Bhoutan, où il sera non seulement interdit de fumer dans les lieux publics à compter du 17 décembre, mais où toutes le ventes de tabac seront interdites, une mesure sans précédent dans le monde.

Les preuve des dangers du tabagisme passif ont été mises en lumière pour la première fois en 1992 : l'Agence pour la protection de l'environement (EPA) américaine estime alors à 3 000 le nombre d'Américains non-fumeurs qui meurent chaque année d'un cancer du poumon dû au tabagisme passif. D'autres études ont mis en évidence par la suite différentes pathologies liées au tabagisme passif : maladies cardiaques, asthme, bronchites chroniques, vieillisement prématuré de la peau...

Les fabricants de cigarettes ont contre-attaqué de leur côté, en jouant la carte de la liberté individuelle. "La majorité des gens, y compris les non-fumeurs, ne veulent pas d'une interdiction générale, notamment dans les pubs, les bars et les clubs", estime ainsi l'Association britannique des fabricants de tabac, en réponse aux projets du gouvernement.


A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement