"C'est la première fois dans l'Histoire que les vins d'Appelations d'Origine Contrôlée (AOC) en France sont obligés de faire appel à la distillation en raison de la gravité de la crise", a déclaré lundi 24 janvier à l'AFP, Denis Verdier, président de la CCVF (Confédération des Caves Viticoles Françaises).
Denis Verdier estime que pour effectuer une "rupture avec le passé" et "dégager des stocks", la Commission Européenne doit décider une vaste opération de distillation qui concernerait en France 2 millions d'hectolitres d'AOC et 500 000 hl de vins de pays.
A la CCVF, on souligne que la somme estimée de 300 millions d'euros ne représente qu'une partie du budget viticole européeen qui se monte à 1,3 milliard d'euros (dont 450 M EUR consacrés à la reconversion du vignoble). Pour la CCVF alors que la viticulture représente 7 % de la production agricole européenne, Bruxelles ne consacre que 3% de son budget agricole au secteur.
La production mondiale de vins devrait atteindre environ 287 millions d'hectolitres, soit 9,5 % de plus qu'en 2003, dont 181 M hl dans l'Europe des 25, selon l'Organisation internationale de la vigne et du vin (OIV), rappelle-t-on.
Outre la distillation, le président de la CCVF demande également des mesures financières pour l'arrachage de vignes, notamment 10.000 hectares sur 5 ans dans le Bordelais.
Au gouvernement français, Denis Verdier, par ailleurs président de l'Office national interprofessionnel des vins (Onivins), demande de prendre un décret pour rendre obligatoire l'utilisation, au lieu du sucre pour la chaptalisation, de moûts concentrés de raisins de la région concernée.
"L'ambiance est telle dans les vignobles que le ministre de l'Agriculture Dominique Bussereau a une obligation de résultats lors de son annonce d'un plan français pour la viticulture le lundi 31 janvier", a ajouté le président de la CCVF.
"Sinon il y a des risques de dérapage, tellement le découragement est grand", avertit Denis Verdier.
Pour la première fois depuis 10 ans, la production française, proche de 59 M hl, a un "sur-stock" estimé pour la vendange 2004 à plus de 2 millions d'hectolitres, dont le Bordelais représente plus de la moitié, selon une première estimation rendue publique dans la semaine par l'Onivins. |