La production mondiale de vin a atteint en 2004 le niveau record d'environ 287 millions d'hectolitres, une hausse de 9,5 % par rapport à 2003, selon les estimation rendues publiques jeudi 20 janvier par l'Onivins (office national interprofessionnel des vins).
Un tel niveau n'avait pas été atteint depuis 1992, année où 296 millions d'hectolitres avaient été produits, a souligné Philippe de Guenin, le nouveau directeur de l'Onivins lors d'une conférence de presse.
Mais dans le même temps la consommation mondiale ne progresse que lentement, passant de 226,6 millions d'hectolitres en 1996 à une estimation moyenne de 230 millions en 2004. L'écart entre la production et la consommation devrait atteindre un peu plus de 57 M hl, un chiffre jamais atteint, selon l'Onivins.
Aussi le conseil de direction de l'Onivins a étudié les mesures qu'il compte demander, le 24 janvier, au gouvernement au moment où les vins français, toujours au premier rang mondial, perdent des parts de marchés.
"Les stocks régulateurs - permettant d'utiliser une partie de la récolte d'une année lors d'une année déficitaire - sont une approche moderne de la gestion", s'est félicité Alain Vironneau, président du syndicat viticole des Appelations d'Origine Contrôlées (AOC) Bordeaux et Bordeaux Supérieur, jeudi lors d'une autre conférence de presse.
Pour aider ce secteur à surmonter cette période difficile, Alain Vironneau a demandé au gouvernement de consacrer seulement une faible part de l'excédent que la France tire du commerce extérieur agroalimentaire, soit 7,5 milliards d'euros pour les 11 premiers mois de 2004, grâce notamment aux vins et spiritueux.
Les exportations (champagne et vins effervescents compris) étaient en baisse aussi bien en volume (-7 %) qu'en valeur (-6 %), fin novembre 2004 par rapport à la période correspondante de 2003.
En effet, pour la première fois depuis 10 ans, la production française, proche de 59 M hl, a un "sur-stock" estimé pour la vendange 2004 à plus de 2 millions d'hectolitres, dont le Bordelais représente plus de la moitié.
Même s'ils sont moins affectés que le Bordelais, la Bourgogne, les Côtes-du-Rhône, le Languedoc-Rousillon, le Val de Loire et les vins de Nantes, dont le Muscadet, sont également affaiblis par l'importance de ces stocks.
Seules quatre régions font exception à cette règle : l'Alsace, la Champagne, la Savoie et le Jura, signale l'Office national.
Parmi les solutions envisagées pour résorber cet excédent figurent l'arrachage, la distillation, l'utilisation de moûts concentrés (au lieu du sucre) pour la chaptalisation et la "mise en réserve" d'une partie de la récolte, comme le pratique depuis longtemps la Champagne.
Ainsi dans le Bordelais l'arrachage concernerait 10 000 hectares sur un total de 123 000 pendant 5 ans. Il serait compensé par le repiquage de nouveaux plants une mesure de 'Reconversion progressive diversifiée', adoptée mercredi.
Particulièrement touché, le Bordelais aura recours à la "mise en réserve" d'une partie de la récolte, pour la première fois de son histoire multi-séculaire en 2004, tous les secteurs s'étant enfin mis d'accord.
Face aux difficultés de la filière, le président des Bordeaux et Bordeaux Supérieur, conclu, lyrique : "la viticulture c'est la France. La France sans le vin, ce n'est plus la France". |