Le "savoir-boire" et la mesure étaient les maîtres mots des organisateurs, qui avaient conçu des "packs de dégustation" à 15 euros pour cinq verres de vins de Beaune, accompagnés d'un éthylotest, une première. 10 000 packs sur les 20 000 proposés avaient été vendus dans l'après-midi.
Le défilé des quelque 85 sociétés de Saint-Vincent, ces sociétés de secours mutuel de chaque village viticole, l'office religieux coutumier et l'intronisation d'anciens vignerons et d'une vigneronne en matinée ont été très suivis. Mais les caveaux dédiés à la dégustation n'étaient pas combles au cours de l'après-midi, et prenaient davantage l'aspect de petits salons du vin pour amateurs avertis.
"Le fait que la fête se déroule sur une journée et non deux comme habituellement, que le vin ne soit pas à volonté, que les gens aient conscience des risques sur la route du retour, tout cela limite la fréquentation", confiait un marchand de souvenirs néanmoins satisfait de ses ventes.
"De notre point de vue, nous avons réussi : il n'y a pas une foule énorme qui nous aurait débordée comme cela a pu être le cas dans d'autres communes où s'est passée la fête les années précédentes", a déclaré Henri Cauvard, président de l'association "Saint-Vincent Tournante Beaune 2005". Il a préparé ce jour avec la Confrérie des Chevaliers du Tastevin, initiatrice de la manifestation en 1938. Les vignerons présentaient leur production à un public attentif aux explications et aux conseils, venu de France mais aussi d'Allemagne ou du Japon.
Danses et fanfares animaient les rues, où les commerçants s'activaient dans des costumes du Moyen-âge et où s'improvisait aussi un concours de boisson pour un enterrement de vie de garçon.
L'ambiance était plus solennelle au lever du jour, lorsque les sociétés de Saint-Vincent, portant chacune leur saint patron et leur bannière, ont commencé à défiler à travers les vignes puis la ville pour rejoindre la basilique Notre-Dame, parée de sarments et d'oriflammes. Mgr Roland Minnerath, nouvel archevêque de Dijon, y a célébré sa première messe de Saint-Vincent, en soulignant qu'"une tradition est vivante lorsqu'elle sait retourner à sa source", celle de la solidarité et du lien social au fondement de cette fête des vignerons. Après un nouveau défilé des sociétés au pas de charge dans le froid, une dizaine d'intronisations ont été célébrées dans la cour d'honneur des Hospices de Beaune, introduites par les trompes de chasse du "débuché de Bourgogne" et des discours évoquant les difficultés de l'économie viticole.
Puis un millier de participants se sont dirigés vers le palais des Congrès de Beaune pour un banquet. En 2006, la Saint-Vincent Tournante mettra le cap sur les Hautes Côtes de Nuits. |