Ce sont pourtant de vrais Havane faits avec du tabac cubain importé et roulés par deux Cubaines, à Cauville-sur-Mer (Seine-Maritime) et plus précisément au Hameau de Buglise, pas loin de la Manche.
De la Normandie profonde, Olga, 32 ans, et Daymi, 28 ans, ne savent encore dire en français que : "c'est froid".
Leur improbable "galera" se trouve dans un ancien bâtiment de ferme, dépendant de la maison louée par François et qui a déjà servi de studio d'enregistrement, où les habitants de Cauville voyaient débarquer des Jamaïquains à dreadlocks.
Olga et Daymi travaillent tôt et à 15H00, après avoir roulé chacune près de 100 cigares, s'en vont pour regarder des novelas brésiliennes, comme à La Havane où elles étaient rouleuses de grade 9, le top.
François Regard espère pouvoir faire venir leurs maris, torcedores également, dans les prochains mois.
L'affaire marche, il a même un client milliardaire russe qui achète ses "C.R" (anciennement Cuba Royal), dûment bagués à l'or fin, à son nom et avec son portrait.
C'est l'Association Cuba Corona Club (CCC) qui personnalise les cigares, produits en pays de Caux. François Regard l'a créée avec son père pour promouvoir la vente des cigares, qui doit passer par les bureaux de tabac, un démarchage difficile.
La passion du cigare est une passion de son père auquel il allumait les cigares quand il était petit. Après lui en avoir rapporté à la limite de la légalité de Cuba, il lui en fabrique légalement.
Cela fait 13 mois qu'il a sa licence et un entrepôt fiscal, après enquête des renseignements généraux et sous haute surveillance des douanes qui pèsent même la poussière de tabac pour s'assurer que rien n'est détourné.
La maison propose une large gamme du "Evita", à 4,5 euros l'unité, au "Maximo" ("l'équivalent du Churchill"), à 10,90 euros.
Les amateurs considèrent que c'est un bon produit, de "qualité constante", selon François Regard, et il est de 30 à 40 % moins cher que les Havane officiels.
Pour faire venir les Cubaines, il a procédé ainsi : il a demandé à l'ANPE des rouleuses de cigares cubains. L'ANPE ne lui en a "évidemment pas trouvées". Il a pu alors entreprendre des démarches auprès de l'Office des migrations internationales (OMI) pour une introduction tout à fait légale de main d'oeuvre étrangère. |