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Vaches d'Herens Tête contre tête, les vaches d'Herens ont élu "Mirage" la Reine du troupeau

Tête contre tête, les vaches d'Herens ont lutté samedi pour élire "Mirage" Reine du troupeau, à l'issue d'un combat inédit, au premier jour du Salon international de l'agriculture, comme c'est la tradition dans le Valais suisse.

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"Mirage" contre "Esmeralda". Tête contre tête, les cornes entremêlées, le sabot droit grattant la sciure de l'arène, les deux vaches ont lutté plusieurs minutes devant des centaines de spectateurs, avant que la vache "Esmeralda"  s'éloigne, son abandon donnant immédiatement "Mirage" vainqueur, dans le Grand  Ring du Salon de l'agriculture.

"C'est un combat naturel pour elles, qui remonte au XIXème siècle et qui suscite un engouement populaire énorme" en Suisse, dans la région du Valais (sud), explique Gérard Rouiller, un des organisateurs du combat, qui a réuni au total huit vaches.

Ces vaches, au nombre de 13.000 dans le Valais, combattent  traditionnellement à trois moments de l'année: à la sortie de l'étable vers la mi-mars, pour la montée dans les alpages entre la mi-mai et la mi-juin, puis dans des "matches" organisés par les éleveurs à l'automne.

Pesant près de 750 kilos, de type trapu, avec un corps large et bien musclé, une tête à forte encornure et une robe unie noire ou fauve, la vache d'Herens combat d'abord quand elle sort de l'étable au printemps.

La Reine alors élue est souvent la même qui conduira le troupeau de 60 à 80 bêtes dans la montagne, jusqu'à 2.500 mètres d'altitude.

"Mais la hiérarchie peut être remise en cause en haut. Les bergers qui les suivent reviennent parfois avec une nouvelle Reine, après d'autres combats. Elles sont très intelligentes", raconte Michèle Rouiller, agricultrice.

"Il faut être très combative pour rester Reine plus de 100 jours. Dans les années 1990, une vache nommée "Tourmente" a quand même réussi à être à la fois  Reine du canton, à l'alpage et dans les combats", se souvient Jean Moulin, un  autre éleveur du Valais.

A l'automne, seules les vaches "portantes" (porteuses d'un veau) d'au moins 120 jours participent aux combats, par catégorie de poids et d'âge.

Sur le Grand Ring du Salon, des vaches ont cherché à s'échapper dans la foule, suscitant un peu d'émotion et faisant couler la sueur de leurs propriétaires, pourtant armés de bâtons pour les retenir.
Mais, rassure M. Rouiller, "les grosses blessures sont rares. Les vaches n'attrapent que des blessures superficielles". D'autant que les éleveurs liment soigneusement leurs cornes.

"Ce n'est pas trop violent. Juste ce qu'il faut pour les enfants", résume un jeune père de famille venu avec ses enfants voir le combat.

"C'est beau à voir. Ces vaches là savent se battre toutes seules, et ne se font pas mal", estime de son côté Gisèle, 65 ans, une retraitée qui fréquente le Salon depuis plusieurs années.

Les combats des Herens ont été notamment filmés par le réalisateur suisse Jean-François Miguet dans un long métrage, "Au sud des nuages" (2003), avec comme acteurs principaux Bernard Verley et François Morel.

La vache d'Herens est aussi connue pour son lait, puisqu'elle peut produire jusqu'à 25 litres de lait par jour. Ce lait sert notamment à fabriquer le fromage à raclette de Bagnes, qui devrait être bientôt distingué par une Appellation d'origine contrôlée (AOC).

Sa viande est aussi de bonne qualité, aux dires des propriétaires, car la Herens a "de très petits os".

Obtenir pour sa vache la distinction de Reine procure "une grande  satisfaction, qui est plus morale que pécuniaire", précise Martin Terrettaz, l'heureux propriétaire de "Mirage", la Reine élue au Salon. Cette dernière reçoit pour sa part un large collier de cuir assorti d'une grosse cloche de  montagne.

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