Sommet de Bruxelles Blair appelle un débat fondamental sur l'Union Européenne après l'échec de Bruxelles
Vilipendé comme le principal responsable de l'échec du sommet européen de Bruxelles, le Premier ministre britannique Tony Blair a lancé samedi un appel à "un débat fondamental" sur l'avenir de l'Europe, estimant que de la crise pouvait surgir un "renouveau".
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"J'espère que nous pourrons aller de l'avant" après l'échec des négociations sur le budget 2007-2012, a-t-il déclaré à l'issue du sommet, défendant la décision britannique de ne pas céder sur son rabais au budget. "Si nous voulons supprimer le rabais britannique, nous devons supprimer la raison pour ce rabais", a-t-il fait valoir.
"C'est une anomalie à cause d'une anomalie", a-t-il ajouté, rappelant que 40% du budget européen étaient engloutis par la politique agricole commune (PAC). M. Blair a souligné que le projet de budget 2007-2013 prévoyait de dépenser sept fois plus pour l'agriculture que pour les sciences, la technologie, la recherche, le développement et l'éducation, et rejeté des "priorités" qui selon lui ne "correspondent pas aux réformes dont a besoin l'Europe au XXIe siècle".
Le Premier ministre britannique, qui va hériter le 1er juillet, en pleine crise, de la présidence de l'UE, a appelé à un "débat fondamental sur l'Europe", estimant que c'était "le bon moment pour le mener". Evoquant "la pression de la mondialisation", les questions "de sécurité, de criminalité, d'immigration", il a estimé que les Européens avaient exprimé leurs préoccupations, et qu'il fallait "les écouter", pour "établir un ordre du jour qui corresponde" à leurs attentes. "Les gens en Europe ne sont pas satisfaits de la direction prise par l'Europe", a-t-il insisté, en s'interrogeant sur la façon de "reconnecter avec les gens et de retrouver l'idéal européen".
"Nous devons changer de vitesse pour nous adapter au monde dans lequel nous vivons", a également déclaré M. Blair, parlant d'un "moment de renouveau". Et il a rejeté l'idée que le Royaume Uni était isolé dans cette approche. "Nous n'étions pas seuls autour de la table à résister", a-t-il déclaré. Selon un responsable britannique, quatre autres pays de l'UE parmi les 25 -- l'Espagne, la Finlande, les Pays-Bas et la Suède-- se sont associés au Royaume-Uni. Le ministre britannique des Affaires étrangères Jack Straw a précisé à cet égard que son pays se battrait pour parvenir à un accord sur le budget européen durant la présidence britannique.
En dépit de cet appel à rebondir, Tony Blair a été jugé samedi au petit matin comme le principal responsable de l'échec des discussions budgétaires, au sommet européen, après 14 heures d'âpres tractations. Le président français Jacques Chirac, qui avait mené la charge contre le rabais britannique, obtenu en 1984 et d'un montant annuel moyen de 4,6 milliards d'euros ces dernières années, a dénoncé un pays "égoïste", qui a plongé l'Europe dans une grave crise.
Au final, Londres a refusé une dernière proposition de geler à 5,5 milliards d'euros ce rabais. "Ce n'est pas parti de façon brillante", a commenté M. Chirac à propos de la future présidence britannique de l'UE. Le chancelier allemand Gerhard Schröder a lui aussi imputé au Royaume-Uni, et aux Pays-Bas, l'échec du sommet. "L'UE n'a rien gagné, du fait de l'attitude des Pays-Bas et surtout de la Grande-Bretagne", a-t-il dit. Le président en exercice de l'Union européenne, le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker, a également évoqué une "crise profonde", et accusé sans le nommer Tony Blair d'avoir voulu cet échec en exigeant une remise à plat des finances communautaires. Londres avait en effet lié toute renégociation du rabais britannique à une garantie de réforme du budget européen dans son ensemble, affirmant cette réforme nécessaire pour l'adapter "aux défis du XXIe siècle".
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