Alimentation Le consommateur européen lassé par le foisonnement des produits
Les consommateurs européens sont lassés du foisonnement des produits, marques et promotions des grandes surfaces et leur préfèrent les magasins de hard discount reconnaissent les professionnels de la distribution alimentaire réunis jeudi pour un sommet mondial à Budapest.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Moins chers, les enseignes de hard-discount comme Aldi ou Lidl répondent "aux besoins de sécurité et d'efficacité des consommateurs, découragés par les rayons de yaourts de 20 mètres de long des grandes surfaces classiques", selon une étude présentée jeudi par l'institut Rheingold. "En Allemagne, dans les grandes surfaces classiques, les clients traversent les magasins à l'aveugle, ignorent des allées complètes et vont droit au fait.
Un Aldi ou un Lidl n'offre pas seulement un avantage prix mais donne aussi l'impression au client de mieux gérer une diversité, trop inquiétante", a souligné M. Stephan Grünewald, analyste chez Rheingold. Dans ce contexte, Michel-Edouard Leclerc, président des Centres Leclerc, l'un des rares grands distributeurs d'Europe à ne pas avoir de chaîne de hard discount, a réaffirmé jeudi à Budapest son intention d'en lancer une sous peu, à moins d'une profonde réforme de la loi française qui lui semble "mal partie".
"Je crois en l'hypermarché, je continuerai d'engager mon groupement dans ce concept", a déclaré M. Leclerc devant les quelque 500 participants au Sommet. "Mais dans une stratégie d'adaptation, nous sommes prêts à lancer très vite une chaîne de hard discount : nos adhérents veulent ouvrir ces types de magasins, en complément à leurs hypers, il me suffit de libérer les liens", a-t-il lancé. "C'est plutôt moi qui met la pédale de frein, car nos hypers gagnent chaque année 0,3 à 0,4 point de part de marché", a-t-il glissé.
"Nous sommes probablement à un point de retournement d'un cycle, où le hard discount prendra des parts de marché supplémentaires mais stationnera par la suite. Il atteint déjà 15% du marché en France et je ne vois pas pourquoi il n'atteindrait pas 18 à 20%", a ajouté M. Leclerc. "Je ne crois pas à la disparition des marques, mais elles doivent être moins chères", a-t-il dit.
"Le phénomène du hard discount n'est pas éphémère, il est là pour longtemps", a commenté le PDG du distributeur Spar International (Pays-Bas), Gordon Campbell. Il influence en tous cas tous les distributeurs européens classiques, qui mettent en avant leurs propres marques et réduisent leurs assortiments.
"Les consommateurs ont l'impression qu'il y a trop de variantes de produits, et les promotions d'un jour leur donnent le sentiment qu'ils ont été volés la veille. Ils se réfugient dans l'univers prévisible des discounters, aux assortiments limités, aux prix stables mais moins chers en permanence", a commenté M. Grünewald. Ces derniers temps, l'engouement pour ces concepts nouveaux est tempéré par la nostalgie des consommateurs pour les marques et après Aldi pour les produits de base, ils redécouvrent les autres magasins : ils s'offrent parfois un "safari-course" dans un hyper de périphérie, un "shopping-promenade" dans une galerie marchande ou des achats d'impulsion dans un supermarché classique, ou dans un discounter aux rayons un peu plus variés comme Lidl.
Partout en Europe, "les consommateurs en veulent pour leur argent" mais outre le prix demandent aussi la qualité et la proximité et donc "rien ne sert d'avoir seulement des prix moins chers", a conclu Dominique Reiniche, présidente de Coca-Cola Europe.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :