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Climat La France confrontée à une sécheresse aussi grave qu'en 1976

Confrontée à un manque persistant de pluies depuis l'automne dernier, la France doit faire face à une sécheresse désormais comparée par les autorités à celle vécue en 1976, restée gravée dans les esprits mais dont certaines leçons ont été tirées.

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Les restrictions d'eau concernent désormais 62 départements sur 96 et la liste s'allonge à mesure que le niveau des nappes phréatiques et des cours d'eau s'abaisse. Les limitations concernent en priorité les agriculteurs, qui absorbent 80% de l'eau l'été, mais aussi les industriels et les particuliers. Elles vont de l'interdiction de laver les voitures ou remplir les piscines à l'arrêt des prélèvements pour irrigation, comme en Vendée (ouest).

Les contrevenants encourent 1.500 euros d'amende. La situation est jugée "grave" ou "préoccupante" dans une grande partie du pays avec des sols très secs, le déficit pluviométrique étant même supérieur dans le sud-est et sur la façade atlantique à celui de la "sécheresse du siècle" de 1976. De récents orages ont permis d'économiser quelques arrosages, mais sans étancher la soif des nappes phréatiques.

Si en 1976 la France avait manqué d'eau potable, des commerces s'étant même retrouvés en rupture de bouteilles d'eau minérale, le risque d'une telle pénurie semble cette fois écarté. Comme il y a trente ans, le déficit pluviométrique a commencé très tôt, dès l'automne. Mais les pouvoirs publics ont réagi dès la mi-mars avec de premières restrictions d'eau et peuvent compter sur l'interconnexion des réseaux réalisée depuis 1976 pour approvisionner les secteurs en manque.

Seules certaines petites communes non reliées, notamment sur les îles, pourraient connaître une pénurie. Anticipant ce risque, l'île touristique de Belle-Ile-en-mer, au large de la Bretagne (ouest), a commencé cette semaine à se ravitailler par bateau depuis le continent. Un cargo l'approvisionnera deux fois par semaine jusqu'à fin septembre, acheminant en tout 100.000 m3 d'eau. La ville de Saint-Nazaire (ouest) a elle acheté une réserve de 4,5 millions de m3 d'eau au département voisin.

Le ravitaillement par camions citerne d'un millier d'habitants au pied du Larzac (sud) en raison du tarissement d'un pompage reste pour l'instant un cas isolé. Au Portugal, quelque 30.000 personnes connaissent la même situation. "A l'avenir, il faudra plus de réserves d'eau, des réserves de substitution", a concédé le ministre de l'Agriculture Dominique Bussereau. La sécheresse qui affecte cette année le sud et l'ouest de l'Europe est d'une ampleur et d'une durée exceptionnelles.

Si les récoltes françaises promettent néanmoins d'être abondantes en 2005, selon le ministère de l'Agriculture, l'élevage risque de souffrir: les prés sont secs et la deuxième récolte de fourrage en septembre est menacée. La situation est également grave en Espagne et au Portugal, qui connaissent leur pire sécheresse depuis les années 1940, les éleveurs manquant de céréales pour leur bétail.

Le sud de l'Italie est aussi touché. Dans ces trois pays, comme en France, la sécheresse a créé un terrain propice à de violents incendies. Pour aider les agriculteurs espagnols et portugais, la Commission européenne a autorisé fin juillet le transfert de milliers de tonnes d'excédents de stocks provenant d'autres Etats de l'UE, comme la Hongrie ou la Slovaquie.

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