Effet de serre Les glaces du Groenland prises dans le réchauffement climatique
Le Groenland, la plus grande île du monde, "vit la réalité dramatique du réchauffement climatique annoncé par les scientifiques dans la région arctique", a déclaré son chef du gouvernement, à l'issue d'une conférence internationale tenue cette semaine.
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Ce constat a été présenté par Hans Enoksen devant la presse à la clôture de la réunion informelle des ministres et délégués de l'Environnement de 22 pays industrialisés et en développement, réunis pendant trois jours à Ilulissat, à l'ouest du Groenland. Les conséquences sont graves pour cette île de 55.000 habitants, Inuits pour la plupart: "les chasseurs et pêcheurs doivent rester à la maison pendant de longues périodes car ils ne peuvent aller chasser sur la banquise et ou pêcher en mer faute de glaces et à cause de violentes tempêtes", a affirmé M. Enoksen.
Selon un rapport d'experts, "Impacts of a warming arctic", présenté par le Conseil de l'Arctique en novembre 2004 à Copenhague, "l'Arctique vit maintenant quelques-uns des changements climatiques les plus rapides et les plus sérieux de la planète". Ilulissat, lieu de la réunion des ministres de l'Environnement, classé en 2004 au patrimoine de l'Unesco grâce à son icefjord, et sa scène féérique d'icebergs, est un des exemples concrets du réchauffement climatique provoqué par l'activité humaine, selon les chercheurs de l'Institut de recherches géologiques du Danemark et du Groenland, GEUS.
Le glacier d'Ilulissat, qui avance normalement de 34 mètres par jour et est l'un des plus productifs du monde, a vu son front reculer de 11 km en 2003 par rapport aux années 1960 d'après des observations par satellite. "Il est un fait que l'indlandsis, la calotte glaciaire de 1,7 km2 qui recouvre plus de 80% du Groenland et qui renferme 90% des eaux douces de l'hémisphère nord, commence à fondre par ses bords", a déclaré de son côté à l'AFP le glaciologue Carl Egede Boeggild. L'agence spatiale américaine NASA qui a suivi ce développement pendant des années a estimé que les glaciers qui coulent de l'indlandsis fondent d'environ 1 mètre par an. Mais les experts de GEUS, qui ont complété les analyses de la NASA par des mesures de nouvelles stations automatiques placées sur les bords de la calotte glaciaire, ont constaté que le rythme de la fonte des glaces "est 10 fois plus rapide". "Cette fonte est due pour moitié au réchauffement actuel et le reste à des réactions de périodes de réchauffement précédentes" selon M. Boeggild.
Les glaciologues de GEUS ont calculé que si la témpérature moyenne autour du Groenland augmentait de plus de 2,7 degrés, cela déclencherait un processus auto-accéléré de dégel de la calotte glaciaire. "C'est ce qui est nouveau et essentiel dans nos recherches. Et cette accélération se poursuivra même si la température et le climat sont stabilisés", a affirmé l'expert. Et les conséquences de la fonte de la calotte glaciaire sont dramatiques: car elle entraînera une augmentation du niveau de la mer de 6,7 mètres.
"Plus de 100 millions de personnes vivent dans un rayon d'un mètre au-dessus du niveau de la mer et 1,2 milliard d'êtres humains habitent à moins de 30 km de la mer dans le monde. Le réchauffement constaté au Groenland a conduit à un retour croissant depuis 2002 de la morue dans les eaux occidentales de l'île, des poissons grands dévoreurs des crevettes, "l'or rose" de l'île, sa plus grande ressource naturelle, selon Marie Stoor-Paulsen de l'Institut de la nature du Groenland. "Il existe un grand risque que la pêche à la crevette, et donc le produit principal d'exportation du Groenland, disparaîsse", a-t-elle mis en garde.
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