Coup de force des viticulteurs du Beaujolais Leurs dirigeants démissionnent
A quinze jours des vendanges, plusieurs centaines de viticulteurs du Beaujolais ont réalisé un coup de force mardi en obtenant le départ des dirigeants de l'Union viticole (UVB).
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Quelque 800 viticulteurs, selon la police, ont manifesté dans la matinée pendant plus deux heures à Villefranche-sur-Saône devant le siège de l'UVB, qui regroupe toutes les structures professionnelles du secteur, aux cris de "bureau, démission". Le président de l'UVB Ghislain de Longevialle et son secrétaire général Denis Chastel Sauzet ont alors décidé de remettre leurs mandats au conseil d'administration, la gestion des affaires courantes étant assurée par les vice-présidents.
La grogne des viticulteurs est née au cours de l'été lorsque le conseil d'administration de l'Amicale des Beaujolais villages, qui gère cette appellation représentant 25% de la production totale du Beaujolais, a décidé, pour remédier à la crise frappant le vignoble, du recul du rendement autorisé de 57 hectolitres/ha à 52 hl/ha, baisse à laquelle l'UVB est favorable.
Le Beaujolais, qui regroupe 2.500 exploitations réparties sur 22.800 hectares, compte douze appellations: le beaujolais, le beaujolais villages et dix crus (Brouilly, Chénas, Chiroubles, Côtes-de-Brouilly, Fleurie, Juliénas, Morgon, Moulin à Vent, Régnié et Saint-Amour).
A la tête du mouvement de protestation, l'association "Beaujolais tous ensemble" propose un programme complet pour sortir le vignoble de la crise avec notamment un arrachage de vignes (avec des primes de 10.000 euros par hectare), le libre choix du mode de récolte (machine ou vendangeurs), un audit financier de l'UVB et des aides à la reconversion pour les vignerons en difficulté.
Par la voix de Bruno Matray, producteur de Fleurie, et proclamé mardi par ses sympathisants "président de l'UVB par intérim", c'est tout un secteur du Beaujolais qui montre son désir de changement. "Nous voulons que le Beaujolais soit plus fort, affirme-t-il. Ce n'est pas un problème d'hommes mais le fait de certaines maladresses dans les fonctions, dans les mandats, qui ont engendré ce blocage".
Concernant la baisse des rendements, élément déclencheur du mouvement, "nous demandons le maintien du taux de 2004, soit 57 hl/ha", précise M. Matray. "Je ne veux pas forcer la main aux appellations (chacun des syndicats décide annuellement du niveau de rendement autorisé sur sa zone, ndlr) mais la position du maintien me semble difficile à imaginer", réplique Ghislain de Longevialle, élu à la présidence de l'UVB au printemps 2004 et réélu en mai dernier. "Je ne souhaite pas aller à l'affrontement, souligne-t-il néanmoins. Je suis favorable à un consensus qui va dans le sens de l'intérêt général du vignoble".
Une médiation entre "Beaujolais tous ensemble" et l'UVB, sous l'égide du sous-préfet, va se mettre en place afin que la situation se règle d'ici aux vendanges, a-t-il ajouté. Le ban, coup d'envoi traditionnel des vendanges dans le Beaujolais, dont la récolte est annoncée comme prometteuse, doit être proclamé début septembre.
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