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OMC Lamy appelle UE et USA à des concessions réciproques à l'OMC

Le nouveau directeur général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), Pascal Lamy, a appelé mercredi 14 septembre Américains et Européens à faire des concessions réciproques en matière agricole afin de débloquer les négociations sur la libéralisation des échanges.

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"Il faut qu'ils avancent tous les deux sur quelques paramètres pour permettre au reste de se débloquer", a déclaré M. Lamy lors de sa première conférence de presse depuis qu'il a pris les rênes de l'OMC le 1er septembre. "C'est la volonté exprimée par tout le monde", a estimé l'ancien commissaire européen au Commerce. Il a présidé dans la matinée une réunion des 148 Etats membres de l'OMC consacrée à la relance des négociations, à trois mois d'une conférence ministérielle cruciale à Hong Kong. Son successeur à Bruxelles, Peter Mandelson, devait s'entretenir dans la journée à Washington avec le représentant américain pour le Commerce, Rob Portman.

"Ca devenait urgent", a lancé M. Lamy. "Chacun sait que pour faire avancer la négociation agricole, on a besoin de paramètres américains sur le soutien interne (aux agriculteurs) et de paramètres européens sur l'accès au marché (des produits agricoles), en plus de ce qu'ils ont tous les deux à faire sur le soutiens à l'exportation". "J'espère qu'ils vont y parvenir, même s'il arrive parfois que les choses auxquelles on parvient ne sont rendues publiques qu'un peu plus tard", a déclaré le patron de l'OMC. Mardi, M. Mandelson a déclaré à Washington que "si nous ne pouvons pas nous mettre d'accord sur des approches de base, alors il ne se passera rien (à l'OMC), c'est aussi simple que cela".

Les négociations sur la libéralisation des échanges dans le monde sont bloquées depuis plusieurs mois par un différend euro-américain sur l'agriculture. Les Européens demandent aux Américains de réduire les soutiens versés à leurs agriculteurs, tandis que les Etats-Unis réclament au préalable une ouverture plus grande du marché européen aux importations agricoles. Bruxelles comme Washington "disposent de marges de manoeuvre qu'ils peuvent utiliser tactiquement à pleine capacité (...) La question de savoir quand ils jouent cartes sur table", a observé M. Lamy, qui a dirigé les négociations pour l'UE entre 1999 et 2004. M. Lamy a précisé la "feuille de route" qu'il a soumise aux pays membres à l'approche de la conférence de Hong Kong (13-18 décembre) qui doit couronnner le cycle de négociations lancé à Doha (Qatar) en 2001 et qui aurait déjà dû être bouclé à la fin de l'an dernier. "L'objectif fondamental est de parvenir à Hong Kong aux deux-tiers de la négociation avant de conclure en 2006", a-t-il expliqué.

En matière agricole, considérée comme le coeur de la négociation, les Etats membres devront donc se mettre d'accord sur une date pour l'élimination des subventions à l'exportation, revendication de longue date des pays en développement. Ils devront aussi s'engager sur des baisses chiffrées des aides aux agriculteurs ainsi que sur une formule de baisse des droits de douane. Concernant les subventions au coton, dénoncées par les producteurs africains principalement, M. Lamy a réclamé des avancées "sur tous les éléments du dossier". M. Lamy a aussi demandé la définition à Hong Kong d'une formule de baisse des tarifs douaniers appliqués aux produits industriels, reprenant une demande des pays riches. Il a ainsi souligné que le Brésil, considéré comme l'un des principaux moteurs des pays en développement, "devra lui-même faire des efforts" dans d'autres secteurs, "compte tenu de ses ambitions agricoles". M. Lamy a averti que le cycle de Doha "pourrait échouer" et qu'il a prévu un scénario au cas où ce "cauchemar" devait se réaliser.

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