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Biocarburants "Terre attitude": les biocarburants possible "pétrole vert" pour la France

Les biocarburants peuvent devenir "le pétrole vert" de la France si le gouvernement décide, malgré l'avis contraire des pétroliers, d'autoriser leur incorporation directe dans les carburants, estiment les responsables agricoles.

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"Pour realiser l'objectif de 7% de valeur énergétique, donc 9% du volume des carburants en 2010, annoncé mardi par le Premier ministre Dominique de Villepin, il va falloir construire une douzaine d'usines supplémentaires et créer 20.000 emplois directs", souligne un des experts du dossier avant "Terre Attitude", la manifestation que les Jeunes Agriculteurs (JA) organisent de vendredi à dimanche à Arras (Pas-de-Calais) sous le thème "Babette fête l'énergie verte".

"Cet objectif représente 1,6 million d'hectares de colza et de tournesol et de 300.000 à 500.000 hectares de blé, maïs et betteraves à sucre", souligne Laurent Degenne, membre du conseil d'admnistration des JA, pour la remise en culture de terres en jachère pour freiner la disparition d'exploitations agricoles. Selon les JA, la France enregistre chaque année une perte nette de 30.000 exploitations sur une total de 600.000. "Mais cet objectif ne pourra être atteint que si l'on permet l'incorporation directe des biorcarburants dans les carburants comme cela est le cas aux Etats-Unis et au Brésil", remarque Pierre Gatel, chargé de mission pour les usages industriels des produits céréaliers à l'AGPB (Association Générale des Producteurs de Blé).

Le Brésil produit déjà 10 millions de tonnes de biocarburants et les Etats-Unis 8 millions alors que le total français atteignait seulement 513.000 tonnes en 2004, soit 1,2% des carburants consommés en France, produits à partir de 323.000 hectares, soit 1,1% de la surface agricole utile (SAU). "Or, le raffinage français refuse l'incorporation directe car les pétroliers préfèrent retarder cette échéance incontourable pour privilégier la voie actuelle de l'ETBE (éther dérivé de l'éthanol) qui leur assure une rente de situation", assure M. Gatel. Or, "les professionnels ne pourront lancer leurs outils de production que si le marché existe", explique Alain Jeanroy, porte-parole de la filière éthanol. "Il appartient au gouvernement de rendre possible l'incorporation directe d'éthanol dans l'essence", insiste-t-il.

Depuis l'annonce de M. Villepin, seul Cristal Union, deuxième opérateur français sur le marché du sucre, associé au groupe Champagne Céréales, a confirmé qu'il allait construire à Bazancourt (Marne) une raffinerie "verte" baptisée Cristanol et destinée à la production, dès 2007, de 80.000 tonnes de bio-éthanol par an à partir de betteraves et de céréales. Mais les responsables agricoles français craignent surtout que la France, à l'instar de la Suède, n'importe de l'éthanol bon marché du Brésil si l'Union Européenne consent à baisser ses barrières douanières lors de la négociation de l'OMC à Hong-Kong à la fin de l'année. "Ce serait une absurdité d'autoriser le Brésil à exporter plus d'éthanol car la filière française serait tuée dans l'oeuf avant d'avoir obtenu des gains de productivité", souligne M. Degenne en dénonçant "la frilosité politique qui a déjà des conséquences". "Le savoir-faire et les capitaux français sont en effet déjà partis au Brésil" selon M. Degenne qui cite le groupe coopératif français Tereos, numéro deux mondial du sucre (marque Beghin-Say), qui produit dejà dans ses six usines sud-américaines 3 millions d'hectolitres d'éthanol avec 9,5 millions de tonnes de canne à sucre.

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