OGM Les convictions des faucheurs d'OGM devant la cour d'appel de Riom
Cinq "faucheurs volontaires" d'OGM ont exposé mercredi 14 septembre leurs motivations et convictions devant la cour d'appel de Riom, qui les juge mercredi et jeudi pour avoir participé à la destruction d'une parcelle de maïs transgénique à Marsat (Puy-de-Dôme) en août 2004.
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Apôtre de la non-violence, ancien dirigeant des Verts ou paysans, ils sont, avec un sixième prévenu absent à l'audience pour des raisons médicales, poursuivis principalement pour "destruction en réunion". "Aller contre la loi, c'est grave, mais ne rien faire, c'est encore plus grave," a affirmé l'un des prévenus, Jean-Baptiste Libouban, 70 ans, fondateur du mouvement des Faucheurs volontaires. "Quand j'ai ouvert le dossier OGM, j'ai été effaré, puis indigné et maintenant je suis inquiet", a-t-il dit. "On est dans une situation de mort programmée d'une certaine nature à laquelle on tient, car c'est elle qui nous a nourris pendant des milliers d'années", a affirmé M. Libouban, membre de la communauté de l'Arche, qui prône la non-violence.
Le 14 août 2004, 400 militants anti-OGM avaient participé, à visage découvert, en plein jour et malgré la présence de 90 gendarmes, à la destruction de la parcelle de Marsat, mais seuls six d'entre eux sont poursuivis. Après l'opération, 167 "faucheurs volontaires" s'étaient dénoncés et avaient souhaité comparaître volontairement aux côtés des six. Le tribunal correctionnel de Riom leur avait donné raison en décembre, un jugement annulé en mai par la cour d'appel, qui a décidé de juger elle-même les six prévenus.
"On est dans notre responsabilité de citoyen de juger, de se rebeller et de dire non", a expliqué Gilles Lemaire, secrétaire national des Verts à l'époque des faits et aujourd'hui prévenu. "La non-violence active a fait évoluer la loi dans le passé", a-t-il rappelé, citant les batailles pour l'objection de conscience et l'avortement. Laurent Cayla, éleveur de moutons sous label de qualité à Volvic, commune voisine de Marsat, a exprimé ses "inquiétudes" pour l'alimentation de ses animaux, qui doit être exempte d'OGM. "Un grain de maïs peut faire le tour de la terre et la castration a 100% du maïs n'existe pas", a-t-il dit. "En Europe, 75% des consommateurs ne veulent pas d'OGM, on est en droit de prendre des mesures pour que l'industrie agro-alimentaire et semencière ne nous les impose pas dans notre assiette", a estimé le quatrième prévenu Christian Roqueirol. Eleveur de brebis sur le plateau du Larzac et porte-parole de la Confédération paysanne de l'Aveyron, il est poursuivi pour des violences volontaires sur un gendarme, qu'il nie catégoriquement, mais non pour la destruction, qu'il revendique. "J'ai quatre enfants, il y en deux dans la salle, je crois qu'ils sont fiers de voir leur père à cette barre, qui se bat pour quelque chose, pour l'humanité. Et je suis fier de leur donner ce plaisir", a dit avec émotion le dernier prévenu, Francis Roux, également éleveur de brebis dans le Larzac.
Le procès doit se poursuivre jeudi avec les plaidoiries et le réquisitoire. Le jugement sera mis en délibéré. Neuf dirigeants syndicaux et politiques doivent être jugés à Toulouse les 20 et 21 septembre pour une autre destruction d'OGM pendant l'été 2004 à Menville (Haute-Garonne).
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